Parce qu’il a perdu son père pendant la guerre ? C’est bien entendu une épreuve pour un enfant ou un adolescent. Mais sans commune mesure avec ce qu’a enduré Simone Veil, rescapée d’un camp de la mort avec ses deux sœurs. Son père non plus que son frère et sa mère n’en sont revenus. Si ma mémoire ne me trahit pas ce fut à Auschwitz-Birkenau.
Je suis d’ailleurs fort contente que l’Hôpital de Montmorency-Eaubonne portât le nom de Simone Veil. Ce fut une très bonne ministre de la Santé. Il lui fallut beaucoup de courage pour imposer la loi sur l’IVG… A cette occasion, les réactionnaires et racistes de tout poil – très souvent “cumulards” en la matière ! – se déchaî-nèrent honteusement contre elle et l’antisémitisme le plus horrible ne fut pas absent de leurs répugnantes diatribes. De surcroît, nous les infirmières, lui devons la “prime Veil” pour le travail du week-end et des jours fériés. Il me semble qu’elle est aujourd’hui de 90 euros par mois. C’est en tout cas la preuve que Simone Veil savait reconnaître les contraintes et difficultés du travail des soignants.
J’allais oublier «Les chambres à gaz, point de détail de l’histoire de la seconde guerre mondiale»… Le Front national est une émanation directe “d’Ordre Nouveau” mouvement d’extrême droite. On retrouve en son sein ou pas très loin des “révisionnistes” – ils contestent le chiffre de 6 millions de victimes des camps d’extermination nazis, juifs pour une grande part – et des “négationnistes” – ils nient purement et simplement l’extermination et la réalité des chambres à gaz…
Pourtant, les témoignages et les documents ne manquent pas et le général Eisenhower – vraisem-blablement informé de l’existence des chambres à gaz – avait équipé les troupes qui libérèrent les camps d’appareils photos et de caméras. Au Procès de Nuremberg – où furent jugés les principaux responsables nazis coupables de crime contre l’humanité – fut projeté le 29 novembre 1945 un film documentaire reprenant les images tournées par les troupes alliées au moment de la libération des camps de concentration et d’extermi-nation.
Voici ce qu’en rapporte Joseph Kessel – écrivain et grand reporter qui fut aussi l’auteur du Chant des Partisans qui deviendra le chant de ralliement de la Résistance «Ami entends-tu / Le vol noir des corbeaux / Sur nos plaines…» - qui témoigne à l’envi que les responsables nazis ni les exécutants n’avaient jamais envisagé devoir un jour rendre des comptes non plus que des images scelleraient quelque jour la réalité de leurs monstrueux forfaits.
Ils sont répugnants par la peur qui les envahit. Ils n’ont pas honte de ce qu’ils ont fait ni aucune sorte de commisération pour leurs victimes mais savent désormais pour la plupart - ceux qui ont directement participé au génocide ou l’ont conçu - qu’ils seront condamnés à mort et exécutés :
«Crispés, égarés, incrédules ou rompus, dix visages, et derrière ceux-là, dix autres encore, fantastiques rangées émergeant des ténèbres, se tendaient comme magnétisés vers le mur du fond. […] Alors Göring, vice-roi du IIIe Reich, serra ses mâchoires livides à les rompre. Le commandant en chef Keitel […] se couvrit les yeux d’une main tremblante. Un rictus de peur abjecte déforma les traits de Streicher […] Ribbentrop humecta de sa langue ses lèvres desséchées. Une sombre rougeur couvrit les joues de Von Papen […] Frank, qui avait décimé la Pologne, s’effondra en sanglots».
Je ne saurais non plus oublier Eichmann qui parvient à échapper au procès de Nuremberg mais fut ensuite retrouvé et jugé à Jérusalem en 1960. J’avais 13 ans mais j’en garde le souvenir très net ainsi que des discussions entre mes parents et leurs amis. Pour sa défense, il eut le monstrueux culot de prétendre avoir obéi aux ordres et n’être qu’un simple exécutant ! Lors même qu’il fut le principal responsable de la traque et de l’extermination des juifs, sous les ordres directs d’Hitler et d’Himmler.
Sans doute Jean-Marie Le Pen n’a-t-il jamais proféré de propos ouvertement négationnistes mais il n’a jamais condamné ceux que certains de ses proches tenaient. Notamment François Brigneau, négationniste notoire et co-fondateur du FN ou Bruno Gollnisch qui fut condamné pour contestation de crime contre l’humanité.
Enfin, comment ne pas penser à ses liens étroits avec Dieudonné ? Je n’arrive pas du tout à comprendre ce personnage. Comment peut-on passer d’un duo humoristique anti-raciste avec Elie Semoun – son ami d’enfance ! – et d’une lutte contre les idées du FN tout au long des années 90 à un spectacle où il invite Faurisson, négationniste notoire ? Sans oublier Jean-Marie Le Pen, parrain d’un de ses enfants !
Pour être tombée par erreur sur son site – Les Ogres… mais je ne mettrais aucun lien, je refuse absolument de leur faire la moindre pub ! – je peux vous assurer qu’il faut beaucoup de sagacité pour y découvrir, du moins à l’époque dont je parle, la teneur antisémite. Tout est soigneusement masqué par le soutien aux Palestiniens.
Certains diront – abus de langage – qu’il s’agit de la même chose. Je m’inscris totalement en faux. Pour certains, à n’en pas douter. Mais l’anti-racisme ne se divise pas, sinon on a rien compris au film : nous sommes tous des êtres humains. Point barre.
Et je continuerais à espérer la paix et affirmer qu’elle passera nécessairement par deux Etats indépendants dont il faut souhaiter qu’ils puissent un jour devenir amis… Pourquoi ce qui fut possible après la seconde guerre mondiale entre l’Allemagne et la France – 3 conflits meurtriers : 1870, 1914-1918 et 1939-1945 – ne serait-il pas envisageable entre Israël et le futur Etat palestinien ?
Parce que, née juste après la guerre, je fus élevée par des parents résistants et qui de surcroît avaient eu des amis juifs traqués à Clermont-Ferrand où ils avaient passé la guerre et les avaient aidés du mieux qu’ils pouvaient, j’ai été abasourdie quand j’ai lu dans mon adolescence qu’il y avait des nostalgiques du nazisme. Le considérant comme le mal absolu, j’avais la naïveté de croire qu’il en était de même pour tout le monde. D’ailleurs, le leitmotive de l’époque était bien à «plus jamais ça» !
Mais le temps a fait son œuvre et ce qui pour moi fait intégralement partie de ma vie et de ma mémoire n’est pour les plus jeunes qu’une simple page d’histoire. Que certains survolent sans vraiment y prêter attention. Dans une époque de surcroît marquée par le relativisme : tout se vaut et sachant que bien souvent les jeunes n’ont qu’une vague connaissance de la chronologie – j’ai bien entendu une collégienne dire que 1900 se situait… au Moyen-Âge ! – comment faire pour que jamais ne se perde le souvenir et la signification de ces monstrueuses atrocités ?