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Improvisation et maturité

Publié le 23 mars 2010 par Gabnews
Improvisation et maturitéKarkwa dans leur local
Il y a deux ans à peu près jour pour jour, à la sortie de Le Volume du vent, François Lafontaine disait: «On est encore juste une gang de kids dans un local de pratique».
Des encensements critique et populaire sans équivoque, des tournées provinciales comme européennes et des paternités plus tard (Louis-Jean Cormier attend un deuxième bébé, alors que François et Julien Sagot, percussionniste, s’y sont mis pour une première), le claviériste a-t-il l’impression d’avoir changé de chaîne? Oui et non. «On s’amuse, on fait de la musique, on fait des tournées. Et on garde la tête assez froide parmi tout ça. C’est toujours impressionnant de voir jusqu’où tu t’es rendu à partir du band que t’as formé quand t’étais ti-cul.»
Le local de pratique en question, on est dedans; et oui, il garde de joyeux relents de ti-culs. Une caisse de bière surmonte un ouvre-bouteille si gros qu’il doit être impossible de le perdre, une batterie trône, impériale, en attendant de servir à quelque défoulement, une affiche des Who veille au grain… Un petit terrain de jeu tour à tour bardassé et caressé par la musique de Karkwa, des Breastfeeders et de Buddy McNeil & the Magic Mirrors.
Tout fier, mais surtout moqueur, François lancera plus tard: «On est plus matures certain! On est même organisés!», pointant du doigt une ardoise géante qui couvre les périodes d’occupation de chacun des groupes au local, et couvert d’insides jokes qui seraient bien compliquées à déchiffrer.
L’album de la matur… zzzz
Les blagues sur une maturité nouvellement acquise feront bien rire durant notre court séjour chez Karkwa. Preuve probable qu’elle se vit, sans être rendue à terme. Et puis là n’est pas vraiment la question: le quatrième album de ces anciens gagnants de Cégeps en spectacle tire pas mal plus sa personnalité dans la spontanéité que dans une réflexion ardue et des choix déchirants.
«On a changé notre méthode de travail. On est entrés en studio en ne sachant pas ce qu’on allait faire», explique Louis-Jean de l’enregistrement au studio La Frette, situé dans un manoir à 15 minutes de Paris et où Feist et Plants & Animals sont aussi passés. «On avait une liste d’ébauches de tounes qu’on n’avait jamais jouées ensemble, des riffs ou des mélodies. Notre défi, c’était de finir une chanson par jour. Et c’est comme ça qu’on a tapé vingt chansons», dont 12 se retrouvent sur Les chemins de verre.
Digne successeur de Le volume du vent, l’album joue d’une guitare plus rythmique, on dirait qu’elle bat la mesure au lieu de planer; les percussions s’en donnent aussi à cœur joie. Il y a certainement un parallèle à faire avec leurs frères d’armes de Patrick Watson, dont ils sont assez proches musicalement et amicalement, et qui eux aussi sont passés d’ambiances atmosphériques à quelque chose de plus bricolé, ludique et délié avec The Wooden Arms, leur plus récent disque.
Mais bon, ne mélangeons pas les Pat et les Louis-Jean. Karkwa c’est Karkwa.
C’est la première fois qu’on les rencontrait tous ensemble, ou enfin quatre d’entre eux cinq (Stéphane Bergeron, le batteur ici absent, nous avait entretenu sur le rôle du groupe comme porte-parole des Francouvertes il y a quelques mois; super smatte le gars). Et on croyait vraiment, à les écouter sur albums, avoir affaire à des gars un peu renfermés, ou en tout cas introspectifs, très protecteurs de leur bulle respective.
Ce mythe pressenti (et pas vrai du tout) aura la vie dure à la sortie de Les chemins de verre. Même si l’album parle de filles éplorées, de grêle en juillet, de pyromanes et d’héroïnomanes, et que les ambiances y sont menées autant par des handclaps que par des distorsions et des pianos plus graves, il y a dedans le bonheur, le vrai, de ceux qui font ce qu’ils aiment et reçoivent beaucoup en retour.
Comme l’a dit Louis-Jean: «Ça donne le vertige de flirter avec le quétaine». Avec ses nouvelles sensibilités pop, Karkwa plane encore.
Les chemins de verre sort le 30 mars.
Deux videos accompagnent cette entrevue http://vimeo.com/10381106http://vimeo.com/10383222

par Evelyne Côté / photos José Enrique Montes Hernande, Nomag.ca

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