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Remaniement ministériel : service minimum

Publié le 23 mars 2010 par Sylvainrakotoarison

Finalement, aucun bouleversement malgré les rumeurs qui ont couru au lendemain du second tour des élections régionales. François Baroin et Marc-Philippe Daubresse font leur retour au gouvernement. Georges Tron y fait son entrée. Et Éric Woerth devient le chef de bataillon de la réforme des retraites.

yartiRemaniReg02Le désastre électoral de l’UMP aux élections régionales a accouché d’une souris. Le Président de la République Nicolas Sarkozy a rendu publique l’annonce du nouveau remaniement ministériel du 2e gouvernement de François Fillon le 22 mars 2010 à 19 h. 30.     Darcos, bouc émissaire   C’est Xavier Darcos, dont le score en Aquitaine a été catastrophique (avec un bon score de la troisième liste, celle du MoDem Jean Lassalle), qui semble avoir fait les frais de l’échec de tous les ministres candidats aux régionales.   C’est assez injuste, mais Nicolas Sarkozy souhaitait sans doute avoir un Ministre du Travail politiquement solide pour ouvrir les négociations sur la difficile réforme des retraites qui s’annonce pour ce printemps.     Rumeurs   Toute la journée du 22 mars 2010 fut l’occasion de nombreuses rumeurs. Départ de Bernard Kouchner, de Patrick Devedjian, de Roseline Bachelot, de Fadela Amara… et arrivée de David Douillet, de Christophe Béchu, de Maurice Leroy, de Frédéric Lefebvre… ou encore Christine Lagarde au quai d’Orsay, Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM) à la Santé… On aurait pu aussi imaginer que le député centriste Charles Amédée de Courson, spécialiste des finances publiques (énarque à la Cour des Comptes), puisse devenir Ministre du Budget.   Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, les rumeurs sur les remaniements ministériels ont été presque permanentes pour le gouvernement de François Fillon, et l’an dernier, en mars 2009, certains envisageaient e retour d’Alain Juppé et même de Philippe Séguin. Le précédent remaniement avait eu lieu le 23 juin 2009 avec l’entrée du trésorier du MoDem Michel Mercier.   Le Premier Ministre François Fillon aurait voulu un profond renouvellement de son équipe gouvernementale afin d’avoir un peu plus d’oxygène pour relancer l’action gouvernementale. Apparemment, Nicolas Sarkozy souhaiterait réserver cet appel d’air après plusieurs grosses réformes : les retraites, la dépendance, la taxe carbone, les collectivités territoriales et la justice. La justice n’avait cependant pas été évoquée par Nicolas Sarkozy le 12 mars 2010.   Le Président de la République s’exprimera le 24 mars 2010 à l’issue du Conseil des ministres : le pays sera donc fixé sur les priorités qu’il entend confier au gouvernement et sur l’éventuel infléchissement qu’il va apporter en réponse au désaveu électoral.     Ouverture à …l’UMP   Concrètement, deux membres du gouvernement partent et trois arrivent.   Les partants sont Xavier Darcos et Martin Hirsch. Les arrivants sont François Baroin, Georges Tron et Marc-Philippe Daubresse.   C’est en quelque sorte l’ouverture aux parlementaires UMP non sarkozystes. C’est sans doute utile sur le plan interne, notamment avant la très délicate réunion des députés UMP de ce 23 mars qui pourraient exprimer leur mécontentement face à la politique de Nicolas Sarkozy (stratégie de l’ouverture etc.). C’est sans doute habile de désamorcer tout risque de sécession villepiniste ou chiraquienne, mais cela va donner une image extraordinairement égocentrée de la majorité présidentielle. En gros, l’UMP a été désavouée par les électeurs et le gouvernement renforce l’UMP. Ce n’est sûrement pas ce qu’attendaient les électeurs qui ont voulu donner un avertissement au gouvernement.     Les partants   Xavier Darcos   Ministre du Travail depuis le 23 juin 2009, Xavier Darcos, 62 ans, a déjà une expérience ministérielle assez imposante : à l’Enseignement scolaire puis à la Coopération sous les gouvernements de Jean-Pierre Raffarin (2002-2005), il revient au gouvernement à l’élection de Nicolas Sarkozy d’abord à l’Éducation nationale puis au Travail. Quittant une belle carrière dans l’enseignement (docteur en lettres, spécialiste de la mort chez Ovide), il démarre un parcours politique en conseillant François Bayrou au Ministère de l’Éducation nationale (directeur de cabinet), puis Alain Juppé à Matignon, et en succédant à la mairie de Périgueux à Yves Guéna nommé membre du Conseil Constitutionnel. Il est ensuite élu sénateur et nommé ministre.   Martin Hirsch   Haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté depuis l’élection de Nicolas Sarkozy (et à la Jeunesse à partir de janvier 2009), Martin Hirsch, 46 ans, a fait de brillantes études : normalien spécialisé en neurobiologie, puis énarque et conseiller d’État, ce qui l’amène à diriger la pharmacie centrale des hôpitaux de Paris. Il conseille les ministres Bernard Kouchner à la Santé (directeur de cabinet) et Martine Aubry aux Affaires sociales avant de présider Emmaüs France. Beau "trophée" de l’ouverture sarkozyenne, Martin Hirsch a réussi (malgré bien des difficultés) à mettre en place le revenu de solidarité active (RSA).     Le changement    Éric Woerth, Ministre du Travail, de la solidarité et de la fonction publique   D’un naturel plutôt plaisant sous une allure austère, Éric Woerth, 54 ans, après des études à HEC et Sciences Po et une carrière dans le privé, s’occupe des finances du RPR puis de l’UMP à partir de 1993. Proche d’Alain Juppé et implanté électoralement à Chantilly, il est nommé à la Réforme de l’État dans le dernier gouvernement de Jean-Pierre Raffarin (2004 à 2005) puis à partir de 2007, il est Ministre du Budget. Donné comme possible prochain Premier Ministre, Éric Woerth va être en première ligne ces prochains mois pour la réforme des retraites. Nul doute que ce sera pour lui une véritable "épreuve du feu".     Les arrivants   François Baroin, Ministre du Budget, des comptes publics et de la réforme de l’État   Député-maire de Troyes, François Baroin, 44 ans, est l’un des enfants précoces de la "République chiraquienne". Journaliste à Europe 1, François Baroin fut élu député RPR à l’âge de 27 ans puis maire de Troyes à 30 ans. Il fut, sous la protection de Jacques Chirac qui était un ami de son père, Michel Baroin, disparu tragiquement au cours d’un accident d’avion, l’héritier local du baron gaulliste Robert Galley. Nommé furtivement porte-parole du gouvernement d’Alain Juppé (à 30 ans), qu’il quitte cinq mois plus tard. Il ne retrouve des responsabilités ministérielles que sous le gouvernement de Dominique de Villepin entre 2005 et 2007, d’abord à l’Outre-mer puis, à l’Intérieur pendant quelques semaines pour remplacer Nicolas Sarkozy parti en campagne présidentielle. Sa nomination à un poste stratégique (le Budget) fait de lui l’un des acteurs de l’UMP qui vont compter dans les années à venir.   Marc-Philippe Daubresse, Ministre de la Jeunesse et des solidarités actives   Député-maire de Lambersart (Nord), Marc-Philippe Daubresse,56 ans, a été un jeune espoir centriste pour la mairie de Lille au début des années 1990 (il s’est présenté contre Pierre Mauroy à la communauté urbaine de Lille en 1995). Élu député UDF à 38 ans (en 1992), il a rejoint Jean-Pierre Raffarin à l’UMP et est nommé dans son 3e gouvernement au Logement. Pour retrouver son siège le 19 septembre 2005, il est comme UMP en duel avec son ancien proche Olivier Henno, resté UDF (et suivant de liste derrière Corinne Lepage pour les dernières européennes). Son retour au gouvernement marque une réelle attention portée à la première "vague" de parlementaires UDF rejoignant l’UMP en 2002, souvent négligés depuis huit ans.   Georges Tron, Secrétaire d’État auprès d’Éric Woerth chargé de la Fonction publique   Unique nouveau venu au gouvernement, Georges Tron, 52 ans, est député-maire de Draveil (élu pour la première fois à 35 ans en 1993). Il fut l’un des parlementaires les plus proches d’Édouard Balladur pendant la campagne présidentielle de 1995 puis (étrangement) est devenu l’un des partisans les plus proches de Dominique de Villepin jusqu’à avoir eu cette proposition de devenir Ministre de l’Outre-mer pour quelques semaines à la fin du quinquennat de Jacques Chirac pour succéder à François Baroin devenu Ministre de l’Intérieur. Il a refusé car il ne voyait pas l’intérêt d’être ministre pendant deux mois. Bien que villepiniste, il n’a pas hésité, ce 22 mars, à accepter la proposition de Nicolas Sarkozy de s’occuper de la Fonction publique dont il connaît très bien la situation pour avoir été depuis 2002 le rapporteur consciencieux du budget de la Fonction publique à l’Assemblée Nationale.     Et maintenant ?   Un article de Marianne interprète ce micro-remaniement et les élections régionales comme la résurrection de quatre droites qui n'attendent que la chute de Nicolas Sarkozy : celle libérale et moderne de Jean-François Copé, celle à la hussarde de Dominique de Villepin, celle plus pompidolienne de François Fillon et enfin celle du Front national dont la probable future présidente Marine Le Pen souhaiterait le transformer en parti de gouvernement.   Je crois plutôt que Nicolas Sarkozy reste dans un raisonnement plus "ressources humaines" en voulant, d’une part, utiliser des compétences inexploitées parmi les parlementaires et d’autre part, couper l’herbe sous le pied des amis de Dominique de Villepin et plus généralement des députés UMP qui se réunissent ce 23 mars 2010 sous l’égide de Jean-François Copé qui n’a cessé de dramatiser la situation de l’UMP au cours des deux soirées électorales.   Ce remaniement ministériel est un service après-vente vraiment minimalisé donné en réponse aux élections régionales. Le vrai challenge va maintenant être la réforme des retraites.     Aussi sur le blog.   Sylvain Rakotoarison (23 mars 2010)     Pour aller plus loin :   Résultats du 1er tour des élections régionales.   Résultats du 2e tour des élections régionales.   Remaniement (annonce officielle).   Article de Marianne sur les quatre droites anti-sarkozyennes.  
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http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/remaniement-ministeriel-service-72112
http://www.lepost.fr/article/2010/03/23/2000815_remaniement-ministeriel-service-minium.html
http://rakotoarison.lesdemocrates.fr/article-155
http://www.centpapiers.com/remaniement-ministeriel-service-minimum/12093/


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