Un lion heureux dans sa jungle, où il est le roi et fait sa loi, découvre un beau jour que savoir écrire lui offrirait des merveilles, une lionne qui lit : « Une lionne qui lit, c’est une dame. Et à une dame, on écrit des lettres. Avant de l’embrasser. ». Il décide donc d’ordonner à ses esclaves animaux l’écriture de la chère lettre. Mais là catastrophe, chaque animal a des conditions de vie différentes et faire du charme pour un bousier, un hippopotame ou autre, est à distinguer d’une belle proposition faite par un lion : parfumer de bouse, manger des algues etc… Le lion se rend compte aussi que même les animaux plus proches de son chainon alimentaire n’offre pas la lettre dont il a envie. Il a envie de dire des choses tendres, que seul lui peut exprimer.
©Martin BALTSCHEIT et Marc BOUTAVANT/ P'titGlénat
Ce livre est une belle manière d’expliquer ce handicap majeur qu’est l’analphabétisation à l’âge adulte (ou l’illettrisme, apprentissage effectué mais perte de ses compétences pour des raisons quelques fois psychologiques ou sociales). Il montre aussi que même des personnes aux pensées similaires ne proposeront pas forcément la même communication, la même action. Je dois dire tout de même que ce livre parle de la chaine alimentaire des animaux : le crocodile mange la girafe (et un bout reste sur la page) et le vautour parle de cadavres à dévorer avec passion. Si vous ne voulez pas installer cette discussion, attendez encore un peu que votre enfant grandisse !
Cet album est aussi fabuleux pour ces illustrations. Marc BOUTAVANT propose des aplats de couleurs, des passages où la pénombre (et les personnages juste en ombre) est pertinente. Les attitudes des animaux de la jungle dépendent du lion : la fuite, se cacher, être interpellé…
©Martin BALTSCHEIT et Marc BOUTAVANT/ P'titGlénat
et j’aime beaucoup le visage du lion, qui devient expressif au fur et à mesure, de stupéfaction, de colère, de tristesse. A l’inverse des photos que je vous propose là, les illustrations sont très colorées : du rouge et du rose très souvent, du noir aussi…