Critique en avant-première : L'Immortel (par Jango)

Par Jango


Synopsis :

Charly Matteï a tourné la page de son passé de hors la loi. Depuis trois ans, il mène une vie paisible et se consacre à sa femme et ses deux enfants. Pourtant, un matin d'hiver, il est laissé pour mort dans le parking du vieux port à Marseille avec 22 balles dans le corps. Contre toute attente, il ne va pas mourir... Cette histoire est inspirée de faits réels, mais où tout est inventé, au coeur du Milieu marseillais.

Critique :
Dans le cadre d’une soirée organisée la semaine passée par Ulike (j’étais pour ma part invité par EuropaCorp (merci à Xavier et Sarah)), j’ai pu découvrir L’Immortel, quatrième réalisation de Richard Berry avec en tête d’affiche monsieur Jean Reno.
Je mettrai en ligne prochainement un compte-rendu de la partie débat post-projection puisque nous avons eu l’honneur de la présence des deux hommes précités pour nous parler du film pendant près de 45 minutes. Un moment bien sympathique d’autant que je voue une admiration (artistique) à Jean Reno qui reste pour moi l’éternel Léon…ah Léon, je crois que je ne m’en remettrai jamais.
Bref, parlons du film.
De Richard Berry réalisateur, je ne connaissais donc que "la Boite Noire" et "L'Art (délicat) de la séduction" (que je n’avais pas du tout aimé). C’est donc avec un apriori légèrement négatif que je découvrais L’Immortel, film différent dans son sujet mais toujours noir dans son traitement. Depuis quelques temps, le cinéma français semble retrouver une passion pour les films de genre polar/thriller sombres qui avaient quelque peu déserté nos écrans ces dernières années. L’Immortel s’inscrit parfaitement dans ce mouvement et l’on saura saluer la volonté de Berry de garder son intégrité artistique tout au long du métrage.
Adapté librement du livre de Franz-Olivier Giesbert dont l’histoire elle-même adaptée de l’instant de vie de Jacques Imbert dans les années 70, mitraillé de 22 balles mais sorti vivant dans un conflit de gangs de l’époque, L'Immortel présente Charly Matteï qui suite à son canardage, va décider de se faire vengeance en butant un à un tous les participants du complot.
Fort de ce postulat, Berry construit donc une histoire autour de son personnage central en empruntant ici et là des passages du roman d’origine tout en gardant une grande liberté sur 80% du reste.

Parvenant à transmettre aux spectateurs la fraicheur et l’ambiance de la capitale phocéenne où se déroule notre action, notamment par une réalisation à la fois efficace et personnelle, Berry semble avoir plus de mal par contre à conduire de manière homogène et dans la durée son histoire de règlement de compte. En ne lésinant sur le coté cash des séquences, parfois très violentes, le réalisateur appuie le coté "vrai" de sa mise en scène qui pourtant subira les conséquences de quelques passages gagesques bien malgré eux. Même si la volonté est là, le résultat ne demeure pas celui escompté systématiquement et l’on se surprendre à ricaner bien malgré nous lors de passages qui se veulent à peu près tout sauf comiques.
L'Immortel alterne entre vrais moments de cinéma et clichés détestables. D’un coté nous avons une histoire fil rouge, parfois un peu bancale mais relativement haut de gamme, de l’autre des sous-intrigues se multipliant au fil du récit mais toujours vaines : les problèmes au commissariat entre Marina Foïs et son chef, les passages avec Joey Starr…
Kad Merad, ici employé à contre emploi, s’en sort avec les honneurs dans un rôle de grand méchant et son face à face avec Jean Reno restera l’un des moments fort du film. Évitant un final prévisible et préférant la suggestion à la démonstration, Berry travaille ses personnages dans la durée pour aboutir sur une issue faussement en happy-end.
Un film sombre disposant d’autant de qualités que de défauts, mais dans le paysage français en mal de ce genre de long-métrages, je ne pourrai que vous conseiller d’aller découvrir cet Immortel, dès demain.


Sortie officielle française : 24 mars 2010