Meilleurs titres : We Used To Vacation/ Hang Me Up To Dry/ Passing The Hat
Que valent les kids de Cold War Kids ? Dans la vibes actuelle qui consiste à encenser à l’excès ou au contraire à détruire sans nuance, j’achète Robbers & Cowards. Finalement, peut-être faut-il (là encore !) en revenir à un juste milieu et un peu de mesure.
L’album commence de façon excellente avec "We Used To Vacation", chanson bien balancée portée par une batterie énergique, une bonne grosse basse, un piano appuyé, une voix assurée et une inventivité rythmique suffisante pour accrocher l’oreille.
Le sang de l’auditeur ne fait qu’un tour lorsque retentit le second titre, "Hang Me Up To Dry". Nous sommes ici en présence d’un bon gros tube, dont on voit mal comment il ne ferait pas un carton. Sans doute n’a-t-on pas entendu beaucoup de morceaux aussi commercialement réussis et efficaces depuis "Take Me Out" des Franz Ferdinand. Ligne mélodique minimale et répétitive, voix perchée et énervée, petit gimmick à la guitare lors du refrain, piano déjanté (qui n’est pas sans évoquer "I’m Deranged" de Bowie), bref du très lourd. C’est un début d’album en fanfare.
Malheureusement les deux titres suivants déjouent cet entrain initial et font retomber le disque dans quelque chose qui n’est pas nul, mais qui n’a rien de transcendant non plus. Un début de déception s’amorce, relativisé toutefois par "Passing The Hat", extrêmement réussi, et par "Saint John", qui tranche avec les titres entendus précédemment. Une espèce de style Cold War Kids commence à émerger, un peu au croisement entre le rock "classique" et des influences plus larges qui puisent dans les racines américaines (nos jeunots sont californiens). A noter sur "Passing The Hat", vers la fin, des envolées vocales qui évoqueront vaguement Jeff Buckley.
Mais le chanteur et ses acolytes ne sont pas Jeff Buckley. Certains titres pèsent ainsi un peu trop lourdement par leur construction, leur orientation, par la voix aussi qui finit par agacer en cherchant trop souvent à hurler et perforer les enceintes. La deuxième moitié de l’album contient des bons moments, comme par exemple la balade légèrement bluesy "Robbers" qui a quelque chose de rafraîchissant ; la plupart des chansons ne sont pas mauvaises mais manquent toutefois un peu d’achèvement ou de cohérence.
On quitte l’album sans avoir retrouvé le panache et l’ingéniosité de "Hang Me Up To Dry", ce qui nous conduit à penser que Robbers & Cowards est un opus en demi-teinte, avec quelques réussites indéniables, un méga single, des pistes, des tentatives, mais au bout, un aboutissement pas toujours présent.
Les Cold War Kids seront-ils un énième groupe météore et vaguement tendance l’espace de quelques mois, ou ce premier album annonce-t-il le meilleur ?
Un peu tôt pour les pronostics… Personnellement j’aurais envie de dire qu’ils sont prometteurs, qu’ils ont du potentiel et qu’il est fort possible que ce premier essai soit suivi de disques plus convaincants encore. Robbers & Cowards est attachant et mérite plus que des encouragements, même si je ne pense pas non plus qu’il faille crier au chef-d’œuvre.