Voici (à peu de choses près) un an, ce blog était ouvert par votre serviteur. Bref, un anniversaire supplémentaire pour nous montrer que le temps passe, et qu’il passe vite.
Les lecteurs de Proust (on va sûrement en trouver un ou deux !) se rappellent sans doute que le narrateur est toujours profondément déprimé le jour du Nouvel An car cela lui rappelle cruellement que les bonnes résolutions qu’il avait prises l’année précédente n’ont finalement pas été tenues et que, l’un dans l’autre, tout change et rien ne change. Le temps passe, certes, mais a-t-on changé dans le sens favorable que l’on avait souhaité ou rêvé ? (S’en est-on, d’ailleurs, donné les moyens ?)
Je ne suis pas sûr, pour ma part, que cet anniversaire me plonge dans le même type de déploration. Force est de constater, néanmoins, que ça ne m’incite pas non plus à faire péter les cotillons et foutre la zique à fond :-)
CHAPITRE 1 : LES STATS
Depuis sa création, l’audience d’A REBOURS a évidemment évolué et augmenté. Elle se situe aujourd’hui à la hauteur suivante : 3600 visiteurs mensuels (soit 120 visiteurs par jour).
Ce sont 8300 pages lues mensuellement (soit 277 par jour).
Pour ma part, j’ai rédigé 131 notes (soit 11 notes par mois) et 217 commentaires sont venus les alimenter (soit 1,7 commentaire par note).
La répartition des notes est la suivante : 33 en ‘Musik’ ; 29 en ‘Livres’ ; 25 en ‘TV, radio, presse écrite’ ; 18 en ‘Films’ ; les 26 autres se répartissent entre ‘Manga’, ‘About A Blog’, ‘Loisirs’ et ‘Quizz’.
Qu’est-ce que cela m’inspire ?
D’abord, je trouve méritoire que tant de personnes viennent me visiter (même si c’est parfois complètement par hasard) alors que des blogs il y en a des millions et que beaucoup sont probablement, à défaut d’être meilleurs, pas pires que le mien. "Tant de personnes ?" se gaussera sans doute le blogueur populaire, celui qui atteint mon chiffre mensuel en une journée. Oui, mais il est vrai que je suis de facto complètement hors de tout "réseau" et de toute "communauté". D’une part, parce que je suis un anonyme pur (contrairement à la majorité des blogueurs populaires qui exercent déjà une activité en vue, en général journaliste ou proche de la sphère politique, ou bien encore qui parlent au nom d’un corps de métier), d’autre part parce que je dois reconnaître que l’idée de "communauté", fort paradoxalement, m’énerve un peu. C’est pour cela que je n’ai jamais fait aucun effort particulier pour me signaler ici ou là, d’autant plus que mon blog n’est pas monomaniaque mais s’ouvre sur la littérature, la musique, le cinéma, et même l’actualité la plus triviale, ce qui fait qu’il a naturellement du mal à s’intégrer dans quelque "communauté" que ce soit. Autant l’avouer, cette idée de happy few me plaît assez et c’est donc très bien ainsi.
Ensuite, je voudrais remercier (ça fait un peu démago mais bon :-) ceux qui me laissent des commentaires. On aura beau dire, ce sont les réactions aux chroniques qui donnent envie de poursuivre cette activité et qui, en quelque sorte, la légitiment. Par ailleurs, j’aurais envie d’ajouter qu’engager un débat autour d’une chronique est souvent plus plaisant encore que la rédaction de la chronique elle-même. En la matière, mention spéciale pour PV et dragibus qui sont, à ce jour, mes deux exégètes les plus fidèles et les plus exigeants. Je regrette parfois qu’on ne me laisse pas plus de commentaires même si cette relative limitation me permet, quand je le souhaite, de faire des réponses circonstanciées et donc d’entretenir le dialogue. Ce que je regrette davantage, en revanche, c’est que parfois ce dialogue se limite à deux personnes (en l’occurrence le commentateur et moi-même) et ne s’élargisse pas un peu plus. Voilà, à bon entendeur…
Pour en finir sur ces matières, je ne peux m’empêcher d’évoquer ce mini titre de gloire : avoir reçu, à l’occasion de cette chronique, un commentaire de versac qui est, à en croire Le Monde, dans le "top ten" des blogueurs les plus influents sur la toile française. Il avoue me lire (en tous cas à ce moment-là, je ne sais pas si c’est toujours le cas), diantre quel honneur !
CHAPITRE 2 : MYLIFE.COM
Très brièvement, quelques considérations personnelles au sujet de ce blog.
Pourquoi A REBOURS existe-t-il ? En fait je n’ai toujours pas réussi à répondre à cette grave question… On glosait beaucoup au sujet des blogs, ces nouveaux et formidables "outils participatifs" (c’est fou comme un mot de ce genre sonne maintenant Ségolène Royal). Alors je me suis dit que j’allais voir ça de plus près. C’est vrai qu’un blog c’est ultra simple à créer, aucune barrière technique, c’est réactif aussi, convivial, bref ça fonctionne bien. Mais cela étant dit, quel intérêt ? Dans la mesure où des tas d’égos font la même démarche, le web 2.0. ne devient-il pas une immense foire aux vanités ? Sans doute, même si j’avais tâché d’apporter un début de réponse dans cette chronique. Alors la question reste entière : pourquoi ? Je crois que je n’ai pas d’autre réponse que celle-ci : j’aime écrire et comme : 1/ je ne suis pas journaliste ; 2/ j’ai toujours trouvé inconvenante et même absurde l’idée de tenir un journal (en effet, par définition le journal est censé ne s’adresser à personne d’autre que soi-même, ce qui est absolument stupide), l’invention du blog, outil d’autopublication, me permet de trouver une réponse satisfaisante à cette quadrature du cercle.
Qu’ai-je principalement essayé de faire dans A REBOURS ?
Avant toute chose, j’ai essayé de ne surtout pas raconter ma vie (sauf, à de très rares exceptions près, sur le mode anecdotique et badin). J’ai ensuite essayé de me tenir à la ligne suivante : traiter de sujets très divers mais ayant au fond un point commun, appartenir à la culture de "l’honnête homme".
Dans cette perspective, j’ai tâché de faire le plus souvent mienne cette devise d’Alain : "Il est meilleur, il est plus juste, il est plus efficace d’applaudir à la bonne musique que de siffler à la mauvaise." Il le dit encore d’une autre façon : "Le vrai du pessimisme est en ceci que la simple humeur non gouvernée va au triste ou à l’irrité."
Voilà pourquoi le lecteur trouvera sur A REBOURS beaucoup plus d’éloge que de blâme. Qu’il se rassure toutefois : le blâme est présent car la médiocrité de notre époque est telle qu’il faudrait être sot, aveugle ou plus sage qu’un moine bouddhiste en pleine lévitation pour faire comme si elle n’existait pas. L’une de mes cibles de choix, en l’occurrence, c’est la chanson française ou certains médias, mais j’en ai d’autres et je dois vraiment faire les plus grands efforts pour me retenir et ne pas les mitrailler plus souvent.
Elément central : j’ai essayé de ne pas faire ce que je voyais souvent sur d’autres blogs, i.e. des chroniques qui font entre deux et dix lignes. Cela peut avoir un intérêt si l’on anime un blog de veille ou très axé sur l’actualité mais lorsqu’on a plutôt pour ambition d’apporter du "fond", je considère (au risque de décourager l’internaute paresseux ou zappeur) qu’un minimum de substance s’impose. Voilà pourquoi une moyenne de 11 notes par mois ça peut paraître peu, mais rapporté à la longueur de celles-ci, ce n’est vraiment pas si mal je trouve !
CHAPITRE 3 : NOW ?
J’espère donc avoir diverti, amusé, fait réfléchir ou apprendre, en tous cas avoir suscité la réaction, tout au long de cette année.
Je vais, l’espace de quelques jours, faire une halte en me demandant si, malgré ces considérations et autojustifications, la continuation de ce blog a réellement un intérêt. Si oui peut-être le poursuivrai-je à l’identique ou le ferai-je évoluer ? Sinon, à l’issue de cette réflexion et pour parodier Jospin au soir du 21 avril, déciderai-je de me retirer (définitivement ?) de la vie bloguotique.
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