Circuit en Italie du Sud

Italie du Nord, Italie du Sud, ce n’est pas un mythe, mais ce qui est tout aussi certain, c’est que le Mezzogiorno en est plein, et que quelle que soit la prétention des cités lombardes, aucune d’elles n’offrira pour moi un charme comparable à celui d’un dîner à la bougie, en couple ou entre amis, lors d’une soirée d’été passée sur la Piazza Bellini de Naples.

Via dei Fori imperiali

Arrivée à Rome au petit matin, les chambres distribuées et les bagages posés, tout se joue. Soit on part dans une visite souvent aussi gourmande qu’erratique de la ville, soit on se laisse guider par la chaleur et le calme parfois surprenant du mois d’août pour aller se poser à la micro-terrassse d’un bouiboui au pied de Santa Maria Maggiore prendre son premier vrai café, un jus d’orange frais et l’un de ces délicieux dolci fourrés à la crème de citron. Attraper la via degli Zingari, descendre au Colisée, remonter le forum et entrer dans le Ghetto, s’arrêter un moment pour retrouver son chemin au pied d’une fontaine du Bernin, Campo dei Fiori, la Navona, le Panthéon… la balade prend vite à Rome les allures du cliché. Mais vivre Rome en été demande de savoir s’adapter.

Via degli Zingari

  Place Navonne

 Le Panthéon depuis Santa Maria sopra Minerva

Voici la recette :

Pour apprivoiser le soleil, prévoir des apéros réguliers et des pauses café : un capuccino frappé à 10h à Spagna, un apéro de « vino blanco della casa » au Trastevere à midi, un sorbet figue-kiwi-melon chez Giolitti à 16h, un spritz en début de soirée sur Campo dei Fiori et enfin, un cocktail dans l’un des lounges aménagés en plein air sur les berges de l’île tibertine le soir, après avoir assisté à la projection d’un vieux classique italien au pied du Ponte Fabrizio. Ah j’oubliais, en revenant à l’hôtel, il y a cette pasticceria devant la gare Termini ouverte tard le soir… achetez y donc deux ou trois cannolli et dégustez-les sur la terrasse de votre chambre d’hôtel. Attention à ne pas vous faire surprendre par vos voisines sortant prendre le frais ou fumer, elles débarqueraient !

Via del Teatro Marcello

Bien évidemment, il y a à Rome d’autres choses à faire que le farniente, et je ne parle pas d’un pique-nique dans le parc de la Villa Borghese… Ou plutôt si, mais réservez-y une visite, en début d’après midi, la collection temporaire au rez-de-chaussée est tout bonnement incomparable (et il y fait tellement bon !). Les musées du Vatican ont dans leur diversité et leur richesse des collections comparables en qualité au Louvre et n’importe quelle église renferme son œuvre… Tenez justement, le matin, en quittant Termini et en allant prendre notre cappuccino à Spagna, à pied ça va de soi, il faut d’arrêter à Santa Maria della Vittoria. Cette église vouée à la Contre-Réforme triomphante abrite l’Extase toute aussi métaphysique que charnelle de Sainte Thérèse par Bernini. Un prosélytisme religieux comme on aimerait en voir plus…

Forum

Un dernier conseil. Visitez le forum en fin d’après-midi, lorsque le soleil commence à se coucher derrière le Palatin. Entrez-y par l’Arc de Tibère, remontez le jusqu’à celui de Septime Sévère et le temps que vous montiez au sommet du Capitole vous aurez une vue sur les ruines du Forum baignées dans une lumière chaude incomparable. Ah, oui ! Et finissez avec moi chez mon ami Massimo, à La Sagrestia, via del Sacramento, à deux pas du Panthéon.

Naples, Piazza Reale

Ce qui frappe, en arrivant à Naples, c’est l’activité de la ville qui tranche avec le relatif calme estival de Rome. Naples est une vraie ville Méditerranéenne, qui a quelque chose de Marseille et d’Istanbul à la fois, grouillante, chaude, bruyante et en même temps sachant offrir des lieux de fraîcheur presque insoupçonnés. Le vieux Naples, celui des Lazaroni, qui a inspiré Molière et a tant posé de problèmes aux troupes de Bonaparte, entre le Duomo et Toledo, est une sorte de sanctuaire qui a ses codes, ses interdits et ses divinités.

Guglia di San Gennaro

La Via dei Tribunali nous guide un peu entre les marchands de vere pizze napoletane et d’arancini, les églises et les places dérobées. Les rues perpendiculaires jouent entre l’ombre et la lumière, nous indiquant implicitement là où l’on peut ou ne peut pas aller. Bientôt, à gauche, une rue bordée d’échoppes à santons descend vers l’église fortifiée de San Domenico et nous ramène sur le chemin de Santa Chiaria où, encastré dans la niche d’un mur de la rue, nous attend un petit autel dédicatoire à San Diego… wait for it !… Maradona ! En fin d’après-midi, il ne faut pas hésiter à prendre le funiculaire et à monter à San Elmo pour profiter d’une vue sur la ville et l’ensemble de la baie, et redescendre ensuite à pied pour gagner Chiaia, un tout autre visage de Naples, élégant et cossu, presque décevant.

Via Benedetto Croce

Cloître de Santa Chiara

Vue sur la ville depuis San Elmo

Vue sur le Castello del Ouvo

Le lendemain nous prenons le bateau pour visiter Capri. C’est fou l’influence que peut avoir un tube démodé sur nos comportements… Une demi-heure à trois quarts d’heure de traversée pour aller se baigner dans l’une des baies de l’île, et se surprendre à rester barboter immobile en fixant le Vésuve devant soi… (il ne manquerait presque qu’un spritz à siroter).

Capri depuis la Scala Fenicia

De retour sur le continent, nous l’avons enfin longé, ce Volcan, pour visiter Pompéi, et beaucoup d’entre nous regrettions de ne plus avoir dix ans pour se lancer sans complexe dans un jeu de rôle grandeur nature dans les villas, les boutiques et les bains de la ville. Et le Vésuve de trôner toujours en toile de fond. On dérobe quelques grains de raisin dans les jardins des villas et on se met à l’ombre dans un ancien atrium et on se balade encore en se disant que la ville est quand même bien grande. Un coup d’œil sur la carte : elle n’est même pas fouillée de moitié… Définitivement, la Rome antique impressionne toujours. D’ailleurs, ce voyage est aussi un peu un retour sur les plus belles traces de l’Antiquité italienne, et la plus belle collection archéologique du monde est sans nul doute au Museo de Naples.

Pompéi

Sorrente

Enfin, nous arrivons dans l’après-midi à Sorrente par une route escarpée au bout de la baie que nous regardions l’autre jour depuis San Elmo. Un tour à la piscine, quelques pas dans la ville pour trouver où dîner et prendre l’apéro, le dernier jour sera consacré à tester le Tansvesuvio, à acheter quelques bouteilles de Lacrima Christi et de Limoncello, et à apprécier un peu de fraîcheur depuis le haut des falaises de la ville.

David, votre accompagnateur

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