Mort à la démocratie

Publié le 23 mars 2010 par Sébastien Michel
Léon de Mattis,
éd. L'Altiplano, 125 p.
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Léon de Mattis régle ses comptes avec la démocratie. Pourtant ce militant socialiste a baigné dans ce chaudron mirifique durant sa jeunesse. Il raconte son expérience politique aux élections municipales de 1989, rapportant les tractations, les stratégies, les rivalités entre les différentes tendances et les magouilles... Ce sera son dernier bulletin de vote. Pourquoi un tel renoncement à la démocratie ?

Son discours est un peu plus fin que le fameux « tous pourris » mais il mène à la même aporie navrante. Dans la seconde partie de son ouvrage, l'auteur  démonte le système des élections « piège à cons » qui créé l'illusion qu'un changement est possible. L'histoire a toujours, selon de Mattis, prouvé le contraire. La récente victoire du non au référendum concernant le traité européen en est un exemple cinglant. Et les dernières élections américaines n'ont prouvé qu'une seule chose : la meilleure capacité du candidat Bush à tricher. L'auteur insiste ainsi particulièrement sur l'inutilité des élections ; à chaque rendez-vous électoral, les candidats ressortent du placard les même arguments sans que rien ne change en définitive. Derrière cette critique de la démocratie se tient en fait une dénonciation de l'Etat, monstre froid, qui impose ce chantage permanent : « contentez-vous de la démocratie, car sinon vous aurez la dictature ou le chaos ». On cherche alors dans ce pamphlet une authentique alternative à ce système démocratique minée, mais on ne trouve finalement dans les propos de l'auteur  qu'une utopie sociale, « un monde libéré des contraintes de l'argent et de l'Etat, un monde sans exploitation et sans domination ». L'histoire nous a aussi montré que ce rêve s'est  avéré impossible.  On retiendra donc de cette critique acerbe un raisonnement souvent pertinent mais qui, en fin de course, à le malheureux défaut de se mordre la queue.