Durant ses débuts, son recueil de nouvelles Niederungen, fut censuré en Roumanie. Aussi, pour parvenir à faire corriger ses textes et qu'ils soient relus, Herta expliquait qu'elle dut retrouver son correcteur et relecteur dans les bois, afin d'échapper à la surveillance dont elle était victime. « Personne ne pouvait entendre, nous devions toujours nous rendre en forêt pour les séances de relecture. » Et tout ça, pour ne pas être découvertes, elle et sa relectrice, une Allemande, dont on ne saura pas plus.
En décembre dernier, la romancière s'était exprimée sur le rôle que la répression avait exercé sur son écriture. La peur ambiante accentuée par la dictature fut un moteur puissant pour ses textes.
La Securitate, elle connaît d'ailleurs bien. La police secrète avait tenté de la forcer à collaborer avec elle. Elle fut retenue captive, dans un passage désormais célèbre de son oeuvre. Emprisonnée, elle se souvient : « Il m'a traitée d'imbécile, de paresseuse, de salope, aussi perverse qu'une chienne errante. » Mais quand on lui demanda de coucher par écrit qu'elle allait collaborer, elle refusa d'en écrire plus que ce qu'elle avait déjà marqué.
« Si je signe, je ne serai plus en mesure de vivre honnêtement avec moi-même », s'était-elle dit.
Des épisodes qui ont été quelque peu remis en question par un ancien agent de la Securitate, Radu Tinu. Celui-ci se souvient au contraire que la romancière avait été traitée plutôt bien et que ses allégations sont le fruit de troubles mentaux. « Elle est atteinte de psychose et n'a aucun contact avec la réalité », avait-il résumé.