L’objectif est de protéger le secteur bancaire contre un assèchement brutal du marché des liquidités, comme à l’automne 2008.
Les banques européennes devront constituer des réserves de liquidité avant l’été prochain. L’objectif a été fixé, hier, par le Comité des superviseurs bancaires européens (CEBS), l’organe de conseil de l’Union européenne. Son objectif : permettre aux institutions financières de faire face à un « choc de liquidité, sans avoir recours à un ajustement de leur modèle économique ». Le CEBS veut protéger le secteur bancaire contre des situations de tension extrême sur les marchés, comme celle observée au lendemain de la faillite de Lehman Brothers, en septembre 2008.
Deux types de coussins
Avant le 30 juin 2010, les banques européennes devront mettre sur pied deux types de « coussins ». L’un devant permettre de résister à une crise violente durant une semaine, l’autre pendant un mois. Pour la composition de ces réserves de liquidité, le CEBS appelle les banques à se montrer très sélectives, en privilégiant les actifs les plus liquides et les plus sûrs, comme les obligations d’État. « Comme l’a démontré la récente crise, la liquidité sur certains marchés peut s’estomper brusquement en cas de choc. C’est pourquoi les institutions financières doivent se montrer capables de dégager des liquidités immédiatement avec des valorisations fiables », précise-t-il. En outre, le niveau des « coussins » variera d’un établissement à l’autre, en fonction de son profil de risque. Pour Giovanni Carosio, le président du CEBS, « cet ensemble de mesures permettra de répondre aux lacunes du système de supervision des risques observées durant la crise ».
Du côté des banques, l’accueil risque d’être mitigé. « Alors qu’elles se contentaient jusqu’alors d’apporter des documents comptables au régulateur, les institutions financières devront désormais fournir des simulations de choc financier, très lourdes à mettre en place », pointe Sébastien Papillon, consultant chez Sia Conseil. En outre, certains observateurs craignent la naissance de déséquilibres sur le marché des obligations d’État, où les banques seront incitées à se rendre en masse pour gonfler leurs réserves de liquidité.
En Grande-Bretagne, le pas a déjà été franchi. L’autorité des marchés financiers britannique, la Financial Services Authority (FSA), s’appuyant sur les premières recommandations du CEBS de juin, a introduit ses propres règles en octobre pour contraindre ses établissements de crédit à constituer des réserves de liquidité.
Article La Tribune du 10 décembre 2009Tags :