La ministre de l’Enseignement obligatoire en Communauté française de Belgique, Marie-Dominique Simonet, s’est interrogée aujourd’hui sur la pertinence du redoublement des élèves en troisième maternelle !
Voilà une bonne nouvelle ! On commence enfin à se poser des questions sur l’utilité du redoublement. Autant commencer par celui qui frappe des enfants de 3e maternelle !
Et pourtant, il est extrêmement rare, lorsqu’on fait de la recherche, d’avoir des résultats limpides, univoques et évidents tant le nombre de variables et leurs interactions possibles sont nombreuses. Aussi, il semblerait évident que lorsqu’un résultat fait l’unanimité d’un nombre important de recherches sur une période assez longue de temps, il soit pris en compte.
Et pourtant, ce n’est pas le cas du problème du redoublement scolaire. Toutes les recherches concluent à son inutilité et à son coût tant économique qu’humain. Entendons-nous : les « doubleurs» obtiennent souvent de meilleurs résultats lors de leur seconde année. Néanmoins, quoi de plus normal pour des êtres en pleine croissance, en plein développement…
Et pourtant, si on compare les résultats de deux élèves ayant les mêmes mauvais résultats, celui qui aura « redoublé » aura non seulement de moins bons résultats que son condisciple au bout d’un an, mais aussi lors des années suivantes. Imaginons deux enfants dont une évaluation externe souligne les difficultés en fin de troisième primaire dans deux écoles différentes. L’un est admis en quatrième primaire et l’autre refait une troisième primaire. Les recherches montrent que les résultats de celui qui aura doublé seront moins bons, même lorsqu’il sera en quatrième primaire que ceux de son condisciple qui aura fait cette année directement, soit un an avant lui !
Et pourtant, en tant que pédagogue et parent, il m’est difficile d’accepter que cette évidence de la non-efficacité du redoublement scolaire ne soit pas reconnue dans la société dans laquelle on évolue. Jusqu’à présent, le phénomène ne diminue visiblement pas en Communauté française de Belgique. Il touche même désormais non seulement les enfants de maternelle, mais également les bambins en crèche où, dans certains établissements, les enfants sont maintenus en section « inférieure » parce qu’ils n’ont pas certains acquis : un enfant « non marcheur » est ainsi maintenu dans cette section sous prétexte qu’il ne marche pas…
Et pourtant, mon amie Sylvie, avec qui ce billet a été écrit en collaboration, s’interroge avec raison en tant que femme, mère de cinq enfants : « À quand le redoublement fœtal in utero ? ».
Alors que la Ministre s’interroge sur la pertinence du redoublement en troisième maternelle, c’est plutôt une bonne nouvelle !