À la suite des commentaires du billet précédent, je me suis demandé ce qui fait que finalement quelqu’un est perçu comme différent, comme étranger, bref comme intrus. C’est une question difficile, parce qu’il est sans doute impossible d’établir des généralités.
Dans de nombreuses discussions que j’ai eues à propos de cette question, il ressort finalement que tout tourne autour des valeurs. Un étranger serait quelqu’un avec qui on ne partage pas les mêmes valeurs.
Cette conception ne me semble pas absconde. Ayant pu voyager et travailler dans de nombreux pays, j’ai souvent été surpris de constater que je me sentais assez facilement soit « chez moi », soit « chez d’autres ». En analysant ce sentiment, j’ai pris conscience que j’étais plus à l’aise dans les pays de tradition chrétienne, où qu’ils soient dans le monde, que dans ceux relevant d’une autre tradition religieuse. S’il y a bien un domaine où les valeurs s’expriment, c’est dans le domaine religieux. Je suis donc prêt à croire qu’on se sent plus en harmonie avec les personnes qui partagent les mêmes valeurs que nous qu’avec celles qui se rattachent à d’autres valeurs. En disant cela, je ne veux surtout pas dire qu’il y a des valeurs qui seraient meilleures que d’autres. Je crois simplement qu’il y a des valeurs différentes. Lorsqu’elles se combinent en un tout cohérent, on arrive à une « culture ». Il y a donc des cultures différentes qui se réfèrent à des ensembles différents de valeurs.
La question est alors de savoir à quelles valeurs se réfère la culture à laquelle j’appartiens et qui se différencie de celle qui est perçue comme étrangère. Même si la question a déjà fait l’objet de nombreuses réflexions, elle n’est pas simple. Quand on essaie de faire émerger nos valeurs spécifiques, ne sommes-nous pas conduits à identifier des valeurs universelles ? Je n’en sais trop rien et j’aimerais que vous m’y aidiez. Finalement, quelles sont nos valeurs ?
J’aimerais beaucoup que vous donniez votre avis à ce propos, même si votre contribution se limitait à énoncer un nom de valeur.
Pour ne pas me contenter d’attendre, j’ai poursuivi ma réflexion. Il y a, selon moi, au moins deux valeurs qui caractérisent la société dans laquelle je vis. Ces deux valeurs sont d’ailleurs sans doute multiculturelles : la première se rattache vraisemblablement plus à la culture latine, alors que la deuxième est probablement plus anglo-saxonne ou germanique.
D’une part, il y a l’humanisme. Nous mettons l’homme au centre de nos préoccupations. L’homme est plus important que les systèmes. Cela conduit à un certain individualisme (la Déclaration des droits de l’homme est avant tout celle des droits des individus au détriment de ceux de la collectivité) et à un certain sécularisme (si c’est l’homme qui compte, il ne doit pas être régi par un pouvoir divin, même si cela n’exclut pas la Foi en un Dieu qui reconnaîtrait fondamentalement la place de l’homme).
D’autre part, il y a le pragmatisme. Il faut que les choses fonctionnent. On peut avoir les plus belles idées du monde, mais si elles ne permettent pas de faire tourner la machine humaine et/ou sociale, elles n’ont qu’un intérêt théorique. Ce qui compte, c’est que chacun trouve sa place dans un système qui avance et qui ne freine personne.
Ces deux valeurs, qui pourraient sembler contradictoires, ne le sont qu’en apparence. En réalité, je crois vraiment qu’elles caractérisent la société dans laquelle je vis (ce qui n’exclut évidemment pas qu’elles souffrent chacune, dans la réalité, de nombreuses exceptions).
Et selon vous, quelles sont nos valeurs ?