Jean-Baptiste Destremau est né en 1968. Pianiste amateur, de formation scientifique, il a vécu plusieurs années en Asie et exercé le métier de trader et d’ingénieur financier. Ses romans Sonate de l’assassin (2009) et Si par hasard (2010) sont parus aux Editions Max Milo.
1. Vous et la lecture ?
J’ai été un lecteur compulsif durant de nombreuses années. Très éclectique également. J’ai lu deux ou trois romans par semaine depuis l’âge de douze ans jusqu’à ces dernières années. Curieusement, depuis que je passe plus de temps à écrire, je lis moins. Comme si une partie de mon besoin de lire était comblé par l’écriture et la créativité nécessaire à sa gestation. Dommage sans doute. Classique, paraît-il… J’ai remarqué que je n’avais pas envie des mêmes livres quand je suis en phase d’écriture ou entre deux livres.
Je fréquente les bibliothèques, j’achète des livres en librairie, je ne suis pas maniaque des livres et peu m’importe le contenant, neuf, d’occasion, déchiré ou abimé… Seul le contenu m’intéresse. Je n’ai pas la passion des beaux livres. J’avoue corner mes pages.
Je crois à l’avenir du livre électronique avec un certain cynisme. Je ne le souhaite pas. Mais je le crois inéluctable.
2. Vous et les livres ?
Je marche au coup de cœur. Je suis sensible au discours des libraires, aux critiques positives sur les blogs ou les sites d’achat, aux conseils de mes amis. On m’offre beaucoup de livres. J’ai une gigantesque pile à lire dans laquelle j’effectue souvent des roulements, pour éviter certains ouvrages ou en faire remonter d’autres. Je ne suis pas sensible à l’actualité littéraire, sauf pour quelques auteurs. Mes dernières lectures sont Mari et Femme de Régis de Sa Moreira, Un tueur sur la route de James Ellroy, Le pantalon de Shakespeare d’Anne Dubouchet. En ce moment je lis Le chant de l’alouette de Willa Cather. Le prochain sur la pile ? sans doute La cathédrale de la mer de Ildefonso Falcones, offert par ma fille pour mon anniversaire.
3. Vous et l’écriture ?
Quand je suis en phase d’écriture, j’écris tous les jours, parfois la nuit. … Je suis très irrégulier en dehors de ces périodes. Je peux passer 6 mois à commencer trois ou quatre textes, puis à les abandonner. Quand j’ai trouvé mon sujet, je travaille très intensément la trame et les personnages, pour imprimer une densité et un passé au texte. Puis je mets plusieurs longs mois à écrire. Je suis très angoissé par la page vide, c’est pourquoi je préfère avoir un plan précis de mon roman avant d’entamer l’écriture, dusse-t-il me prendre plusieurs mois à élaborer. J’admire les écrivains qui ne savent pas de quoi sera faite la page suivante et parviennent à garder une cohérence et une construction à leur texte. Pour moi, j’ai une ligne d’horizon claire, et je fais des digressions, des variations chapitre après chapitre. Mon écriture s’épanouit plus dans cette contrainte… J’écris dans une chambre de service qui me sert de bureau, ou en Bretagne loin de tout moyen de communication électronique. Je suis mi-cahier, mi-clavier. Je débute toujours mes chapitres à la main, pour trouver le souffle, et bascule après quelques pages (ou dizaines de pages) en commençant par recopier ce que j’ai écrit à la main.
Je suis persuadé que mes lectures m’ont beaucoup influencé. Au fil des ans. Comme un bagage de plus en plus lourd que l’on porte avec soi sans le savoir.
4. Vous et Internet ?
J’ai créé deux blogs, pour présenter mes deux romans : http://jeanbaptistedestremau.blogspot.com/ et http://sonatedelassassin.over-blog.com/. Ce sont surtout des sites de présentation, de ressources, d’anecdotes et d’actualité sur mes romans. J’y consacre du temps lors de la création, puis très peu après. Je ne tiens pas de blog quotidien. Je suis très sensible à tout ce qui s’écrit sur moi, dans les blogs comme dans la presse, dans mes rencontres avec des lecteurs ou des libraires. C’est un élément essentiel. J’écris pour être lu. Le web démultiplie les possibilités, et je crois que le rôle et l’influence des blogs littéraires ira croissant.
5. Vous et vos projets ?
Un jour peut-être, écrire sera mon activité principale. J’ai eu la chance d’y consacrer deux années pleines durant un congé sabbatique tout à fait passionnant… Pas de roman en cours pour l’instant (le dernier, Si Par Hasard, est sorti le 18 mars 2010 aux Éditions Max Milo), mais la sortie de Sonate de l’Assassin en poche chez J’ai Lu en avril, sa traduction en italien courant 2010, et plusieurs salons, signatures ou rencontres. La liste est disponible sur le blog des romans.