2010 sera-t-elle l’année de l’ebook ? Les mentalités ont-elles suffisamment changé pour permettre la révolution numérique dans le domaine du livre ? Le témoignage d’une Australienne de 48 ans, Candace Gray, est plutôt éloquent à ce sujet.
Candace Gray, fait partie de cette catégorie de personnes que l’on pourrait croire fermées aux livres numériques. Elle ne sait pas utiliser Skype, elle ne tient pas de blog, elle a un téléphone avec caméra mais ne s’en est jamais servi. Bref, On est loin de la geek littéraire qui va chercher à connaître le dernier lecteur d’ebooks et ne pourrait plus se séparer de cet engin. Et pourtant, il y a un an son mari lui a offert un Kindle en espérant la faire entrer dans l’ère numérique. Candace Gray l’a testé et quand elle a compris tout ce qu’elle pouvait faire avec, elle n’a plus pu s’en séparer. Elle a affirmé : « C’est comme avoir une librairie dans le creux de la main » ajoutant « je ne regarde plus la télévision ».
Le fait que des personnes qui ne sont pas du tout attirées par les nouvelles technologies puissent tomber amoureuses d’un lecteur ebook conduit à envisager l’évolution du marché différemment. On peut avancer sans trop se tromper qu’il n’y aura pas d’un côté les geeks littéraires et de l’autre les fétichistes du papier. Selon le prospectiviste spécialisé dans les contenus numériques, Mark Pesce, si aujourd’hui les ebooks ne représentent que 6/7 % du marché en 2020 ils devraient représenter 50 %.
D’ici 2020 la route est encore longue et il est évident que le marché n’est pas prêt ou du moins pas assez attractif pour intéresser certaines populations de lecteurs. Les principaux obstacles actuellement sont la pauvreté des catalogues numériques et les prix encore trop élevés des ebooks.
À cet égard le cas d’Amazon est assez symptomatique. D’un côté, un cybermarchand qui ne cherche pas à comprendre la complexité du métier d’éditeur et la valeur d’un texte (même dématérialisé) qui casse les prix. De l’autre des éditeurs qui s’oppose à cette manière de faire et qui freine des quatre fers, comme l’indique Louise Adler, P.D.G. de Melbourne University Publishing. Le piratage étant un autre gros sujet de préoccupation des éditeurs. Cela dit, les choix sont désormais limités et ils se voient bien obligés de se lancer dans la numérisation pour ne pas péricliter à terme.
Cela dit, Louise Adler ne se fait pas de soucis pour les livres imprimés. Selon elle, il y aura toujours des livres que l’on souhaitera tenir dans ses mains et ranger dans la bibliothèque qui trône fièrement au milieu du salon.