Chanson pour une amie malheureuse (Edmond Jabès)

Par Arbrealettres


Ce matin, les oiseaux se sont réveillés avant l’arbre.
Un fantôme qui passait, siffla.
L’arbre l’entendit et s’étira.

Les oiseaux se posèrent, alors, sur chaque pensée,
comme l’abeille gourmande sur le jour.
Les oiseaux, le fantôme et l’eau lourde;
puis un poisson tiré au sort.

Nous étions dix sous l’arbre à écosser l’amande.
La route était jonchée de morts.
Les manches relevées jusqu’au coude,
complice, une femme enterrait l’amour.

(Edmond Jabès)