Tandis que la mode est au sample, Chet Nuneta choisit le son direct dont, pourtant, le spectateur se demande parfois d’où il vient. Elles sont quatre, accompagnées d’un percussionniste, comme un voyageur est accompagné dans son périple. Les voix prennent tout de suite possession de la salle de spectacle de l’Espace Marcel Carné de St Michel sur Orge (91), puis parviennent à y créer des espaces différents, par leur tonalité, par leur succession, leur enchevêtrement. Les déplacements donnent la sensation d’un tressage. Parler entre les chansons n’est pas ce qu’elles font de mieux mais, en chantant, elles arrivent à créer un univers un peu magique, combatif, amoureux. J’avais déjà publié un article à leur propos en ayant écouté leur disque, et leur spectacle confirme mes impressions d’alors : leur voix est plus qu’une affaire de cordes vocales et de souffle, même si c’est surtout avec le haut de leur corps qu’elles s’expriment (pieds nus pour le contact avec le sol sans doute, elles ne se transforment pas en danseuses), le visage, les épaules, les bras, et les mains ouvertes, toujours ouvertes sauf quand elles tiennent un instrument de musique (guitare, accordéon ou percussions). Quand je sors de la salle et que je retrouve la pluie qui n’a pas cessé dehors, mais que j'avais oubliée le temps du concert, les rythmes continuent de me hanter.