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Les chutes (Joyce-Carol Oates)

Par Alexandra

5_les_chutes_joycecarol_oatesL'Histoire commence

Au début des années 1950, un jeune pasteur se suicide, le matin qui suit ses noces, en se jetant dans les chutes du Niagara. Il laisse là la Veuve Blanche, qui va désormais vivre dans la logique implacable de la damnation, celle de s'attendre au pire pour échapper à l'anxiété de l'espoir.

J'ai aimé ce livre

J'ai aimé le début, de la profondeur d'une damnation tragique, comme j'ai aimé la fin, légère et rétablissant, de façon réaliste, la tragédie familiale pour quitter la damnation. L'issue viendra de l'avenir que représentent les enfants, du progrès qu'ils instaurent chacun à leur manière, de l'espoir qu'ils portent en eux, malgré tout.

J'ai aimé la description minutieuse et événementielle des personnalités des trois enfants de la tragédie. L'on ne sait plus bien quoi de leur naissance ou de leur enfance les a marqués au fer. Leurs goûts comme leurs rencontres semblent les avoir façonnés comme si les circonstances de leur naissance avaient préparé le chemin du burin. La mère demeure le point commun intangible, qui les emmènera, par des chemins différents et libres, à la vérité interdite. Non, finalement, tout n'est pas écrit d'avance …

Les causes des drames familiaux sont bien connues.

J'ai aimé ce livre …

Vous l'aimerez aussi …

A quelles autres œuvres cela me fait-il penser ? …

…J'ai aimé ce livre …

Certaines ont la vie de plus en plus dure au gré des générations qui se succèdent ; l'amour et l'étonnement mutuel qui s'effacent devant l'ennui et la famille, la perte de ses idéaux de bonheur et de justice face à la course à la survie sociale et économique, les tabous et les interdits d'hier transformés en libertés individuelles et collectives d'aujourd'hui …

Mais d'autres causes, tellement monstrueuses qu'elles dépassent le drame familial pour devenir une tragédie sociale, appartiennent à un temps – sous certains aspects seulement – révolu, celui de l'expansion industrielle de l'Amérique. La narration décapante de ses ravages, pollution et corruption entremêlées, nous sort du confort de la naïveté et de l'ignorance pour nous placer dans la détresse et l'impuissance.

A quoi bon savoir, alors ?, pensera un temps Ariah

Vous l'aimerez aussi

Oui, il est bon de savoir, et utile aussi. C'est un récit, ce sont des secrets de famille, c'est une histoire qui peut réussir à nous ressembler, mais c'est de toute façon une histoire qui nous touche. On se retourne sur une culture si lointaine mais de seulement 50 ans de nous, ici, maintenant …

En avons-nous vraiment fini de cette société – qui est "la bonne" - qui ne veut pas voir ou admettre sa folie – cyniquement cohérente et organisée - au nom du progrès et de la liberté. En avons-nous fini avec l'eugénisme social, les vies accélérées, les morts prématurées ?

Dans les années 50, il s'agissait d'un procès écologique avant l'heure. Que dira la génération de nos enfants dans 50 ans sur ce que nous faisons de la Terre aujourd'hui ? … Entre idéalisme et défaitisme, il nous faut reconnaître que nous pouvons – aujourd'hui - en parler, s'en inquiéter, agir individuellement et collectivement, …., et espérer que ce soit suffisant.

Quelque soit notre Dieu, je rends le mot de la fin à la benjamine du récit, car, ne nous trompons pas, nous ne vivons pas dans notre temps mais dans celui de nos plus jeunes, ce sont eux nos aînés : "Il n'y a rien à pardonner. Aime, et tu fais la volonté de Dieu."

A quelles autres œuvres cela me fait-il penser ? 

Sur les Chutes du Niagara, à rien d'autre, j'ai découvert un paysage, une nature, un vacarme, une sorte d'éternité, mais c'est une illusion. Pour les années 50 - 70, aux Etats-Unis, à l'heure de l'expansion industrielle et de l'explosion des mœurs, j'ai pensé à La Famille Lament, George Hagen (note dans ce blog). Pour une même histoire racontée au travers de la vie et de la perception de plusieurs autour, tous partie prenante aux événements, j'ai pensé à Ambiguités, Elliot Perlman. Sur l'enfance qui grandit au rythme des épreuves des parents, j'ai pensé à Le rire de l'ogre, Pierre Péju.

Dans la colonne à droite (sous l'intitulé "Albums Photos"), vous trouverez des informations pratiques sur ce livre, des morceaux choisis, ainsi que la biographie et la bibliographie de l'Auteur.


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