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Terre des oublis (Duong Thu Huong)

Par Alexandra

8_terre_des_oublis_duong_thu_huong_1 L'Histoire commence

Alors qu'elle rentre d'une journée en forêt, Miên, une jeune femme du Hameau de la Montagne, situé en plein cœur du Viêt-nam, se heurte à un attroupement : l'homme qu'elle avait épousé quatorze ans auparavant, dont la mort comme héros et martyr avait été annoncée depuis longtemps déjà, est revenu. Miên est remariée avec un riche propriétaire terrien, Hoan, qu'elle aime et avec qui elle a un enfant. Bôn, le vétéran communiste, réclame sa femme. Sous la pression de la communauté, Miên, convaincue que là est son devoir, se résout à aller vivre avec son premier mari.

J'ai aimé ce livre pour son ambiance inouïe, une ambiance aux cinq sens. Ce triangle tragique nous transporte dans des paysages luxuriants ou angoissants, paisibles ou meurtriers. Les cris des soldats et les hurlements silencieux des amoureux cinglent nos oreilles comme autant de chants et de poèmes. Nous dévorons les destinées de ces trois innocentes victimes en sentant les odeurs de cuisine, en grelottant dans l'humidité de la jungle. Le nez pique, l'estomac se contracte, l'œil larmoie, les lèvres soubresautent, le larynx s'assèche, les cordes vocales vibrent à libérer un rire salvateur. Nous restons subjugués de tant de beauté. Rarement un livre n'a bouleversé l'ensemble de mes émotions comme celui-ci. Ce n'est pas moi qui ai lu ce livre, c'est mon corps.

J'ai aussi aimé ce livre pour ce qu'il corrige mon idée (préconçue) du Viêt-nam, pour ce qu'il ranime ma flamme (paresseuse) de femme libre, pour ce qu'il rééquilibre mes forces (inquiètes) entre le devoir et la justice, pour ce qu'il confirme (et retourne) l'opinion publique, pour ce qu'il évoque la quête (irrésistible) de libertés dans une société pétrie de coutumes morales et de principes politiques. Nous ne sortons pas indemnes de ce voyage, qui n'a rien de romanesque.

J'ai aimé ce livre …

Vous l'aimerez aussi …

A quelles autres œuvres cela me fait-il penser ? …

… J'ai aimé ce livre …

En effet, Duong Thu Huong s'est inspirée de sa vie, qui a l'extraordinaire d'être racontée, qui a l'ordinaire du Viêt-nam. Dans ses romans, elle dénonce le système totalitaire, la politique de la République socialiste du Viêt-nam, la réforme agraire des années cinquante, l'effritement du statut d'intellectuel sous le pouvoir communiste et le conflit entre l'état et l'individu. La toile de fond de ses écrits est souvent assombrie par la guerre, les camps, la misère, mais toujours respectueuse pour l'individu, sa liberté, sa responsabilité. Elle alimente sa prose de dictons, de coutumes mais aussi de « lois » ancestrales, anachroniques, de préjugés absurdes qui sont autant d'entraves individuelles ou (et) collectives. Enfin, un véritable hymne à l'amour parcourt ses pages bouleversantes d'humanité où les destinées sont ballottées, bafouées, mais toujours combattantes, débordantes d'une énergie qui n'aspire qu'à la paix malgré les douleurs et le désespoir. Le lyrisme des voix et les odeurs de l'enfance transportent au-delà des frontières.

Vous l'aimerez aussi

A celles et ceux qui aiment le voyage, que l'Asie intrigue, qui ont une idée du Viêt-nam,

A celles et ceux qui croient aux vertus de l'Honneur, du Sacrifice, de la Compassion, de la Bonté, ou à celles et ceux qui n'imaginent plus ce qu'elles veulent dire,

A celles et ceux qui savent que "tous les humains connaissent les mêmes malheurs. Simplement, c'est différent d'un homme à un autre",

A celles et ceux qui comprennent "confusément que la foule n'a pas de conscience morale, qu'elle se soumet toujours au plus fort".

Vous apprendrez comment l'on sort de l'ornière sans que la mort ne nous secoure en exerçant son arbitrage ultime, sa justice incommensurable … C'est une victoire de l'amour.

A quelles autres œuvres cela me fait-il penser ? Une œuvre magistrale, tellement originale qu'elle m'a emportée sans ailleurs. A l'exception de la guerre, j'ai été frappée de la compassion du peuple pour ses soldats, ce qui m'a fait immanquablement et inversement penser à A l'ouest, rien de nouveau, Erich-Maria Remarque.

Le sens du devoir, au cœur de l'histoire, m'a bizarrement ramenée à mes études, et j'ai pensé à Le droit des obligations, Flour et Aubert, mais c'est une lecture que je ne conseille pas en littérature !

Dans la colonne à droite (sous l'intitulé "Albums Photos"), vous trouverez des informations pratiques sur ce livre, des morceaux choisis, ainsi que la biographie et la bibliographie de l'Auteur.


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