Moi, Charlotte Simmons (Tom Wolfe)

Par Alexandra

L'Histoire commence

Charlotte Simmons, sage et prude fille d'origine modeste, débarque de Sparta, une petite ville de Caroline du Nord, le modèle typique de la cité américaine intégrée, très religieuse et embourgeoisée, à Dupont University (mélange fictif de Stanford, Yale, UCLA), l'Olympe de la connaissance, qui abrite la crème de la jeunesse américaine. Elle est certes brillante et déjà très jolie mais aussi... un peu gourde.

Confrontée aux mœurs étranges de cette élite, la jeune fille naïve et studieuse découvre un temple du sexe, de la débauche, de l'alcool et des ambitions mesquines. Le tourbillon de sa première année va se charger de la déniaiser.

J'ai aimé ce livre hyperrréaliste et remarquablement enquêté qui décrit l'état du système éducatif américain. Le constat est impitoyable, drôle, acide, sur la fabrique des élites américaines. Nous comprenons, tout au long de notre lecture que ce réquisitoire au vitriol ait été controversé lors de sa parution aux Etats-Unis. L'Amérique en proie à la déferlante du Politiquement Correct cache sur ses Campus le culte du sexe, de l'alcool, de la drogue, du corps et du sport.

Ce roman social est aussi un roman dense sur les tourments de l'adolescence, la douleur, la culpabilité. J'ai aimé l'adolescente bien élevée, studieuse et brillante qu'est Charlotte Simmons. Comme elle, j'ai été choquée par la débauche, et sûrement comme elle, je me serais perdue dans les méandres des émotions naissantes. De l'injuste à l'hypocrite, de la candeur à la saleté, de l'estime de soi à la solitude intérieure, l'âme perverse et bavarde de l'adolescence cloue l'enfance sur place, silencieuse. Mais les fondations de Charlotte sont cousues dans la doublure de ses vêtements. Ce que l'effet du groupe lui a fait perdre, l'éducation lui rend.

J'ai aimé ce livre …

Vous l'aimerez aussi …

A quelles autres œuvres cela me fait-il penser ? …

… J'ai aimé ce livre …

Il n'est même pas sûr qu'elle soit la grande perdante dans cette bataille. Peut-on en dire autant d'un Jojo, oscillant entre le pire et le meilleur du panier auquel on rêve d'appartenir ; ou d'un Adam, intellectuel certes, mais ennuyeux et vindicatif ; ou encore d'un Hoyt, représentant à lui tout seul le tiercé de l'amygdale cérébrale : l'envie-l'aventure-l'émotion.

Alors oui Charlotte est brutalement déniaisée, mais je la respecte, je la préfère naïve et victime des parastimuli culturels, plutôt que blasée ou vindicative.

Vous l'aimerez aussi

Amateurs de roman social, curieux du système éducatif, sceptiques sur le devenir de l'émancipation en regard d'une révolution sexuelle incontrôlée,

Parents convaincus que l'adolescence est un passage qui peut être aussi magique et utile que sordide et dévastateur,

Parents qui envisagent d'envoyer l'été, et à des tarifs défiant toute concurrence d'autres expériences collectives, leurs jeunes ado sur les renommés campus américains …

A quelles autres œuvres cela me fait-il penser ? 

Le parcours initiatique au sein de l'élite du moment m'a rappelé l'ascension parisienne du jeune Rastignac dans Le père Goriot, Honoré de Balzac. Le déterminisme social allié à la force centripète du groupe rappellent l'œuvre de Emile Zola, comme lutter contre évoque une liberté, qui ressemble à un échec, décrite dans Trois dollars, Elliott Perlman (note dans ce blog).

Dans la colonne à droite (sous l'intitulé "Albums Photos"), vous trouverez des informations pratiques sur ce livre, des morceaux choisis, ainsi que la biographie et la bibliographie de l'Auteur.