Voilà un petit compte-rendu d’un séminaire de recherche, en lien avec ma série sur le climat même si là, c’est un peu à part. Ce séminaire était organisé par Amy Dahan, directrice de recherche au CNRS et directrice-adjointe du centre Alexandre Koyré, le centre de Recherche en Histoire des Sciences et des Techniques, et dans lequel intervenait également Hélène Guillemot. Un séminaire de recherche en sociologie… en y allant j’avais un peu peur que ça vole trop haut pour moi mais finalement, je n’ai pas été si perdue que cela et c’était quand même accessible. J’en tire donc un petit résumé mais d’abord, il faut que je vous dise pourquoi je trouvais intéressant d’y aller. Si le texte est un peu brouillon, c’est parce que je suis nouvelle en sociologie et les sociologues ont parfois tendance à s’égarer…
Des sociologues qui s’intéressent aux sciences, il y en a relativement peu. Des sociologues qui s’intéressent au changement climatique (CC) encore moins. Amy Dahan est spécialiste de l’histoire des sciences et s’intéresse au modélisations du changement climatique et à l’institution du GIEC. C’est à ce titre qu’elle a fait une intervention intitulée « L’offensive contre le GIEC, les climato-sceptiques ». Hélène Guillemot, quant à elle, poursuit des recherches au Centre Koyré sur les pratiques de modélisation du climat, l’expertise et les rapports entre science et politique dans ce domaine, et sur le débat public à propos du changement climatique. Voilà donc un oeil et une réflexion un peu différents de ce qu’on a habituellement et je suis allée voir ! Lien intéressant établi après en faisant quelques recherches pour ce compte rendu, il s’avère qu’Hélène Guillemot a commencé par une carrière de journaliste scientifique…
Au début de son intervention, « Le problème climatique à la lumière des analyses de controverses », madame Guillemot s’est attachée à décrire et définir ce que signifie le mot controverse. « La controverse est située au coeur d’un processus de connaissances scientifiques. Il s’agit d’un conflit entre deux parties légitimes devant un public de pairs » En gros, une (ou des) controverse est indispensable à l’avancement des connaissances scientifiques. L’enjeu reste la définition de ce qui est légitime ou non. Pourquoi ne parle-t-on pas de controverse avec les sceptiques dans le débat sur le changement climatique ? Tout simplement parce que les « climatosceptiques » ne sont pas du tout considérés comme légitimes par leur pairs, c’est à dire les autres climatologues. Ses recherches l’ont conduite à remarquer que le changement climatique est une question qui a été définie comme globale (la Cop15 de décembre 2009 en est un exemple frappant) mais que ce sont les pays indépendamment les uns des autres qui conduisent des politiques climatiques. De fortes différences existent par exemple entre les Etats-Unis et l’Europe sur ce sujet, au niveau du traitement médiatique, politique, de l’influence des sceptiques etc… Par exemple, aucun lobby ne soutient actuellement les sceptiques en Europe.
Autre remarque, les controverses à propos du CC sont assez peu relayées dans les médias, en tous cas, jusqu’au début des années 2000. Les articles de presse sur ce point, que ce soit Science et Vie, Libération ou La Recherche ne relèvent pas du domaine des sceptiques et relatent souvent des controverses franco-françaises (avec des acteurs comme Claude Allègre, Vincent Courtillot, Serge Galam…) En ce qui concerne les groupes d’acteurs qui critiquent la science du climat, ce sont souvent des non-climatologues (des géographes par exemple) qui émettent des critiques sur l’expertise du climat, ceux qui contestent la réalité du CC et des « intellectuels », philosophes, sociologues et autres qui s’expriment également là dessus. Quant aux thèmes qui sont privilégiés, il faut savoir que les discours « sceptiques » s’appuient toujours sur de véritables controverses ou incertitudes ou désaccords (il n’y pas que la cause anthropique qui est débattue). Mais il y a toujours plusieurs arguments et ils débordent souvent sur la politique et la critique des institutions. Un sujet souvent remis en cause, c’est la science du climat. Eh oui, elle est souvent décrite par les « sceptiques » comme jeune et immature qui en plus se sert de modèles mathématiques grossiers, avec des erreur considérables. Traduction de la sociologue : « il s’agit plus d’une fustigation d’une nouvelle doxa (écologie, discours catastrophiste etc). La politisation de la science est dénoncée