LE NEUVIEME JOUR de Volker Schlöndorff
Sortie le 25 mars 2010
Avec Ulrich MATTHES, August DIEHL, Bibiana BEGLAU, Hilmar THATE, Germain WAGNER, Jean-Paul RATHS, Ivan JIRIK
Les films autour de la seconde guerre mondiale font à l’heure actuelle le forcing sur le calendrier des sorties, mais celui de Volker Schlondorff a quelques longueurs d’avance, et un sujet peu recommandable. A cette époque (2004 ) la seule évocation de la position et du rôle de l’église dans ce conflit relevait déjà de la provocation .
Depuis ,plusieurs scénarios ont vu le jour dont le frontal « Amen » en 2001 de Costa-Gavras , qui pose clairement le problème de la collaboration ou non du Vatican, avec les nazis . Ils la recherche ouvertement comme le rappelle le cinéaste allemand en s’appuyant ici sur les notes autobiographiques de l’abbé Jean Bernard, publiées en 1945.
Nous sommes en février 1942. A Dachau , l’abbé Henri Kremer, catholique est libéré pour convaincre l’évêché luxembourgeois de coopérer avec les allemands. Il a neuf jours pour réussir dans cette entreprise . De son choix dépend son avenir mais aussi celui de ses amis et de sa famille. Il se présente alors chaque matin au jeune sous-lieutenant Gebhardt, avec qui il engage un face à face. Les questions de la foi, de la rédemption et de la trahison le taraudent un peu plus , au fur et à mesure qu’il retrouve sa petite famille , exilée dans un appartement vétuste. La Gestapo a réquisitionné leur maison .
Le père Kremer , de retour au Luxembourg, est aussitôt contacté par la Gestapo
C’est ce combat avec lui-même, avec sa conscience que le réalisateur privilégie ici pour mieux atteindre le vaste sujet du ralliement à la politique d’Hitler envers les Églises. Schlöndorff qui resserre le cadre de sa mise en scène , la rend alors aussi apre, aussi ardue que le dilemme qui tenaille Kremer. Un personnage remarquablement interprété par Ulrich Matthes, au faciès creusé, déchiré par les conditions insoutenables du camp de concentration , qu’il revoie sans cesse en souvenir. Et quand il quitte ce cauchemar, c’est pour en affronter un autre, celui de la réalité de ses entrevues avec le gestapiste Gebhardt,(August Diehl à l’interprétation très persuasive) lui-même diacre, qui use d’arguments théologiques pour l’amener à trahir .
Au fil des jours le curé poursuit ainsi son chemin de croix ( » qui ne sera jamais gammée » lance-t-il au secrétaire de l’évêché conciliant avec l’ennemi ) découvrant sa propre faiblesse qu’alimente une famille apeurée à l’idée de faire les frais de sa courageuse attitude. Dans la dignité et l’honneur il choisira alors son camp.
20 € -
LE BONUS
Complément de programme (50 min)
Débat Enregistré lors de la première projection du film en France en présence de : Volker SCHLONDORFF,
Ulrich MATTHES (acteur), Père Frédéric RODER et Paul AURIAU (historien)
Un tel film mérite débat , et celui que nous propose le supplément a le gros défaut de ne pas être contradictoire. Il tourne autour de la conscience occidentale, face aux camps de concentration . Est-ce la preuve de l’absence de Dieu , interroge un intervenant en écho à un propos du film qui fait dire à un prélat » Dieu n’est pas ici« . » Que pensez d’un dieu bien après Auschwitz ? » demande un autre alors que Paul Auriau rappelle les expériences religieuses et spirituelles qui se sont déroulées dans les camps .
L’attitude du pape Pie XII est timidement abordée , Auriau reconnaissant que la véritable question n’a toujours pas été posée. Malgré une pièce comme Le Vicaire de Rolf Hochhuth qui en 1963 critique l’action de ce pape durant la Seconde Guerre mondiale, en particulier à l’égard des Juifs. Costa-Gavras s’en est beaucoup inspiré pour « Amen ».
Volker SCHLONDORFF ne semble pas vouloir s’aventurer trop sur cette question de fond, revenant au » sujet du film, qui est de savoir comment le curé doit-il se comporter vis à vis de tous ces événements . Aura-t-il la force de faire , ce qu’il a compris qu’il devrait faire. Tout le suspense du film est là.«