Le ministre italien de l’Agriculture, Luca Zaïa, a annoncé vendredi dernier la signature d’un décret interdisant la culture d’un maïs génétiquement modifié (OGM) sur le territoire italien, au nom du principe de précaution.
Le ministre a signé le décret au lendemain d’une décision de la Commission des semences du ministère qui avait refusé à l’unanimité l’inscription, sur le registre des semences, du maïs génétiquement modifié MON 810.
Cette commission était composée de représentants du ministère de l’agriculture mais aussi de l’Environnement, de la Santé et de plusieurs régions. La Commission « a donné un signal clair de la volonté du peuple souverain« , a indiqué le ministre Zaïa, insistant sur le fait que plus de 75% des citoyens italiens sont opposés à la culture des OGM en plein champ.
Toujours selon le ministre, la Commission a estimé sur la base de critères « strictement techniques » que les conditions n’étaient pas réunies pour « garantir la coexistence entre les cultures OGM et non OGM« .
Ce maïs Bt est le seul OGM autorisé à la culture en Europe depuis 1998. L’Italie anticipe peut-être la très probable future ré-autorisation européenne du MON 810 ainsi que deux autres maïs OGM des firmes Pioneer et Syngenta. La décision italienne suit de quelques semaines celle, très controversée, de la commission européenne d’autoriser à la culture la pomme de terre OGM Amflora de la firme allemande agro-chimique BASF.
Cette décision a été perçue par les opinions publiques et les gouvernements de plusieurs pays européens comme un véritable passage en force de la commission, surtout de son président Manuel Barroso et du commissaire à la santé et à la consommation maltais John Dali.
La France a de son coté saisi le Haut Conseil des Biotechnologies afin de prendre une décision sur l’autorisation ou non de cette pomme de terre. Elle est un des 6 pays (Grèce, Luxembourg, Allemagne, Autriche, Hongrie) à avoir pris une clause de sauvegarde sur la culture et la commercialisation du maïs MON 810. Mais cette clause de sauvegarde sera caduque au moment de la ré-autorisation de ce maïs OGM en Europe. En France comme en Italie se pose le problème de la coexistence impossible entre les cultures OGM et les cultures conventionnelles voire bio. Le gouvernement serait donc bien inspiré de suivre le chemin ouvert par les Italiens et les suisses récemment, en décidant d’un moratoire sur toutes les cultures d’OGM tant que la commission européenne n’a pas revu –comme cela lui avait été demandé en décembre 2008- ses procédures d’évaluations, notamment en évaluant beaucoup plus systématiquement les impacts environnementaux des cultures OGM.