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Rencontre avec karim nazem

Publié le 22 mars 2010 par Ikiblog

22/03/2010 · Laisser un commentaire

RENCONTRE AVEC KARIM NAZEM

Bastille, 19H. J’ai rendez-vous avec le rappeur Karim Nazem. Ça aurait pu se faire un jour de « Soleil d’Hiver » à l’image du titre du premier extrait de son album à venir « Differentes Borders » mais le printemps a décidé de pointer le bout de son nez et à cette heure-ci, il fait déjà nuit. Parlons de tout et de rien, de signes qui nous guident, de combat, de spiritualité pour qu’au détour de toutes ces conversations se dessine un peu plus l’univers d’un artiste…

Karim, tes premiers morceaux remontent aux années 90 mais ce n’est que de dix ans plus tard, que tu t’es décidé à sortir un premier album. Pourquoi avoir attendu ?
KN : Je faisais pas mal de morceaux depuis pas mal de temps. Et c’est vrai qu’à un moment donné, je me suis vraiment dit que j’avais vraiment envie de sortir un album. C’est un peu comme dans ma vie, je crois que chaque chose arrive en son temps, tant que je n’en ressens pas le besoin… C’est comme quand je dis dans mon morceau « écoute le vent », je dis ça parce que c’est dans l’air. Tant que je n’entends pas quelque chose qui me dit d’y aller ou de le faire, bah je ne le fais pas. L’album aurait dû sortir il y a un an mais pour différentes raisons il a été repoussé. C’est la vie d’un indépendant… Et puis, je m’interroge sur beaucoup de choses : des situations, des signes. Je sais pas. Dans ta journée, tu tombes sur une lecture et en fait le message qui en découle matche directement avec ta vie ! Et je pense que pour être tombé sur cette lecture, il fallait avoir l’envie de lire. Donc en fait, tout ça c’est un processus.

Et quelle était la direction que tu voulais prendre avec cet album ?
KN : C’était juste une question de thème que je voulais aborder. On va dire que le thème central c’est quitter un état dans lequel tu es pour se rendre ailleurs. Je ne cache pas qu’il y a une connotation spirituelle derrière, abstraite…

Religieuse ?
KN : Je n’aime pas trop ce terme…

Pourquoi ? Peur d’être catalogué ?
KN : Dans le terme religion, y a énormément de choses, y a la spiritualité… Par exemple, je suis allé en Équateur. J’y suis resté un mois. J’ai rencontré des indiens et j’ai passé du temps avec un chaman. Et y a un rapport à l’existence, à la valeur d’une vie qui est exactement la même que dans l’Islam ou dans d’autres religions. C’est ça qui m’intéresse. Le chaman, il me parlait de ce que représentait une vie, de la création, de la nature. Et finalement, c’est essentiel. On se rejoint tous sur ses idées. La création, c’est quelque chose qui est de l’ordre du divin. Je ne sais pas si tu t’es déjà retrouvée devant une cascade et y a une tonne d’eau qui tombe. Et là, tu te dis, nous ne sommes rien ! Tu te rends compte que dans l’univers entier, tu n’es rien. Tout ça pour te dire que y a cette notion de respect de la création. D’une façon générale, que ce soit dans mes écrits ou dans ma vie, c’est ma façon de percevoir le monde. Ça découle directement de ma sensibilité, de mon rapport à l’être et de ma définition de la fraternité.

Et dans « Soleil d’Hiver », s’il y avait un message, lequel serait-il ?
KN : « Soleil d’Hiver » en fait c’est vraiment quand il fait super froid et tu vas voir un beau soleil qui te réchauffe. Donc ça fait un peu du bien. En fait pour moi, l’espoir c’est ça, c’est comme un soleil d’hiver. Quand on est pas bien pour X ou Y raisons si on peut ressentir l’espoir, savoir que finalement on a des convictions, finalement on peut y arriver même si on nous dit que ce n’est pas possible… Là en l’occurrence c’est vraiment un morceau pour les enfants issus de l’immigration qui se disent que c’est pas facile. Même si c’est super compliqué, il faut continuer. C’est un peu un l’état d’esprit à avoir. Il faut être un soldat, un soldat au sens volontaire. T’as des objectifs, il faut y aller. Quoi qu’on te dise, quoi qu’on fasse pour t’en empêcher, il faut continuer.

Et par rapport à la musique, Yann Kesz avec qui tu as réalisé 98% de ton album t’as fait trois propositions avant que tu ne te disent que c’était vraiment la bonne…
KN : Tu m’as parlé de goût là ?

Non j’ai juste parlé de savoir quelle était la bonne…

KN : Ah parce que sur ce son, il y avait vraiment un goût particulier. En fait dans le refrain à un moment donné je dis « teinté de mélancolie ». Pour moi la mélancolie, c’est un moteur. Il ne faut pas confondre mélancolie et tristesse, ça n’a rien avoir. La mélancolie, c’est un moteur. Tu vas vivre des choses, tu vas les ressentir. Et ensuite même si c’est fini, tu vas garder en toi ce truc. Pour moi, dans cette musique, il y a tout. Il y a de la mélancolie dans l’harmonie, de l’énergie. Ça correspond à ma personne. Ça correspond au message du texte aussi. On peut faire ce que l’on veut. Ce qui n’est pas possible, c’est de dire que ce n’est pas possible. Imagine, un mec qui veut réveiller des gens et sa seule arme c’est de croire en l’autre.

Catégories : RENCONTRE AVEC
Tagué : hip hop, karim nazem, MUSIQUE, rap fr, rap francais, soleil d'hiver, yann kesz


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