J'étais là, allongé sur un tas de troncs fraîchement coupés, récupérant d'une balade dans les sentiers escarpés de Chalaux.
Toi, tu t'amusais à sautiller de tronc en tronc comme un enfant qui découvrait un nouveau jeu.
Le ciel était dégagé, limpide. C'était une fin d'après-midi. De mon repos, j'en ai fait une photo.
Mes premières photographies en noir et blanc, je les prises en 1994, lorsque sur un coup de tête, j'ai décidé d'arrêter mes études de sciences économiques et de gestion pour m'inscrire dans une école de photographie.
Mais je me souviens avoir toujours eu un appareil photo en main. C'est comme cela que mes soeurs me servaient de modèles. Les pauvres ! Avec toutes ces poses mièvres et un peu ridicules que je leur imposait ! Néanmoins, on en rit encore beaucoup lorsque qu'on les redécouvre, toutes ces images, témoins d'une enfance joyeuse et insouciante.
J'aime bien les autoportraits. C'est un bon exercice de style. C'est un bon moyen de se mettre à la place de ceux que l'on photographie. C'est peut-être également une façon d'aller à la rencontre de soi-même, une sorte de " bonjour moi ? Qu'as-tu à me dire aujourd'hui de moi-même ? Dans quel humeur es-tu moi ? "
Je me pose tout d'un coup une question : Pourquoi à un moment précis et dans un lieu précis, je décide de me prendre en photo ?
Est-ce une démarche semblable à celle des touristes qui cherchent à s'immortaliser devant un beau paysage afin d'en rapporter une photo souvenir ? Ou dois-je y voir une autre raison que ma raison n'arrive à saisir ? D'ailleurs, qu'est-ce qui nous pousse, touristes que nous sommes tous, à vouloir à tout prix nous intégrer dans un paysage qui nous plaît ?
Mystère et boule de gomme... Enfin pas si mystère que cela... L'effaceuse qu'est la gomme a peut-être une réponse à toutes nos questions...