Dj t – fabric 51

A l’heure de l’avènement des podcasts, mix exclusifs ou autre live rippés et diffusés gratuitement sur le web, les compilations mixées pourraient logiquement sembler en voie d’extinction, résistant difficilement, tel un octet isolé face à une meute de geek, à l’assaut de gloutons musicaux… Cependant, paradoxalement, la gratuité et l’opulence du web semblent servir de véritable support de com, déclencheur de gourmandise chez le consommateur et de défi pour le DJ. Alors après l’excellent Boogybytes 5 de Seth Troxler, le dernier Robert Johnson, ou le Panorama Bar de Tama Sumo en fin d’année dernière, c’est au tour de DJ T de nous offrir pour le Fabric 51, qui sort aujourd’hui, un tour d’horizon rafraîchissant et inattendu.

Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, DJ T aka Thomas Koch est un amoureux du groove, impliqué depuis tout jeune dans le monde de la musique commençant par hasard une carrière de DJ à l’âge de 16 ans, qui le mènera à peine 3 ans plus tard à se produire devant des scènes de 1500 clubbers lors de marathon-sets de plus de six heures… DJ, mais également créateur du magazine GROOVE en 1989, qu’il fera tourner pendant 15 ans (en se permettant au passage d’ouvrir le Club Monza en 1999). Il choisi en 2002 de se consacrer à une petite aventure de rien du tout : l’élaboration du label Get Physical avec M.A.N.D.Y. et Booka Shade, devenant très rapidement un incontournable de la scène Techno avec des releases cultes tel que le Body Language sur l’album Movement de Booka Shades en 2006.

Un passé de techno head certes, mais qu’il faut rapidement mettre de côté lorsque l’on se penche sur ce mix de vingt tracks. En effet, comme DJ T le dit lui-même dans le communiqué de presse, la moitié des morceaux ne rentreraient pas dans son DJ bag.

On entame sur un unreleased de dOP avec, un peu à la manière du Boogybytes de Seth Troxler justement, un vocal d’homme introduisant parfaitement le groovy « Disco Bitch « de Michael J Collins sur Wolf + Lamb, et en bon «J’aime mettre les choses dans des cases», on se dit « OK la Deep House revient en force c’est un fait». Puis comme débarqué de nulle part, 10Lec6 marque une pause chamanique complètement délirante… Trois tracks trois vocales ! Il faut repartir, sans pour autant tout lâcher dans l’empressement, ce qui tombe à pique pour Million Secrets de Stuffa:

Un petit détour par les tribaux « Ellelli » de Madioko ‘N’ Rafika et « Pata Pata » de Mathias Aguayo avant d’aboutir sur la track – smile friendly – de Ben Mono et Jemini « Jezus Was a B-Boy« , qui relance la dynamique avant l’excellent « Where is It » de Will Saul, sur fond de new world order on lâche le smile et on lève le bras !

On continue dans la revendication politico-sociétale avec l’ode old school de Azari & III « Hungry for the Power« , avec au passage un joli clip, avant une montée en puissance nous faisant regretter de ne pas être en club avec le complètement perché « I get Deep » de Dj Le Roi et Roland Clark. Même si cela passe aussi pas mal, bien agglutiné dans une rame de métro avec une sympathique odeur de transpiration…

La suite est impeccable, un petit tour de self-promo avec la dernière release de T « Try to understand » puis le remix ambiance Starky et Hutch de Crazy P sur « Township Funk » de Mujava avant une redescente en douceur déboulant sur el Maestro Dj Koze et son relaxo-progressive remix de Whomadewho « Keep me in the plane« , qui respire les vacances et le mojito à 10 h du mat, Ray Ban sur la façade sur une plage ensoleillée d’Andalousie.

Avec ses neuf années d’existence, les compils Fabric résistent toujours bien face à la concurrence, et après Martyn en début d’année, DJ T nous prouve si besoin en est que le futur réside bien dans la diversité, l’éclectisme et l’ouverture… Un mix tout en finesse, qui ne révolutionnera pas le genre par sa technique ni par ses «exclues» mais qui bénéficie du bon goût de son créateur, et c’est déjà bien suffisant !