Parce qu'on ne peut pas aller tous les soirs boire un cocktail au Mocambo, et que les programmes télé risquent de nuire gravement à votre santé, chaque mois, une petite sélection de DVD qui peuvent sauver votre soirée.
Qu'as-tu fait à la guerre papa ? (What did you do in the war, daddy ? Blake Edwards, 1966)
Sicile, 1943. Les Américains ont débarqué sur l'île. Un jeune capitaine rigide et borné doit investir le village de Valerno. Malheureusement, le destin s'acharne à l'empêcher de mener à bien sa glorieuse mission. Blake Edwards, c'est bien sûr "Opération Jupons", "La Panthère Rose", "La Party". Ce films est dans la même veine que ces célèbres comédies. Quiproquos et situations rocambolesques s'accumulent. On croise dans le film des Italiens fans de foot (des Italiens, quoi !...), des soldats américains déguisés en soldats italiens, des soldats italiens déguisés en soldats américains, des soldats américains et italiens déguisés en soldats allemands, un officier allemand qui aime les femmes qui sont des hommes déguisés en femmes (si vous allez faire pipi pendant le film, n'oubliez pas de faire pause, sinon au retour, c'est cuit !), une accorte villageoise (la bomba Giovanna Ralli), un colonnel SS raide mort, des cambrioleurs qui font des trous partout, des partisans communistes qui veulent kidnapper le colonel SS (avant qu'il soit raide mort. Après aussi, d'ailleurs), une brave ménagère qui veut faire sécher son linge au milieu des balles. Et James Coburn, qui balade sa classe nonchalante tout au long du film (un sacré challenger de Steve McQueen pour le titre de "Mister Cool", celui-là !). On est quelque part entre "Les Bidasses en folie" pour les gags un peu téléphonés et "De l'or pour les braves" pour la critique de la guerre.
Le justicier de Shanghai (Ma yong zhen, Chang Cheh, 1972)
Je ne peux m'empêcher de vous livrer le titre français du film lors de sa sortie en salles : La brute, le bonze et le méchant. Si ce n'est pas de la récup', ça ! Avec ce film, la Shaw Brothers se renouvelle un peu, on sort des traditionnels affrontements entre écoles d'arts martiaux, entre Chinois et Mandchous. L'histoire raconte l'ascension d'un paysan venu à la ville, qui devient un parrain de la pègre dans la Shanghai des années 20, en arrachant à la force de ses poings le contrôle des maisons de jeux, fumeries d'opium, etc., à une bande rivale. Le film aurait pu s'appeler La guerre des gongs, quoi... Les combats sont un régal pour les yeux, et les oreilles. Ca siffle quand le pied ou la main se déplace, ça claque quand le coup est porté.
C'est du cinéma asiatique, c'est donc sanglant et légèrement exagéré. Ainsi, lors du combat final, le héros se retrouve avec une encombrante hachette plantée dans le ventre mais ça ne l'empêche pas de sauter, faire des cabrioles, des roulades, démolir le mobilier. Quand je pense que moi je n'arriverais même pas à faire mon lacet...
Le retour de Sabata (E tornato Sabata... hai chiuso un'altra volta, Gianfranco Parolini, 1971)
Que je vous explique : quand j'étais petit, mes parents, soucieux de ma réussite scolaire, m'imposaient de me coucher à 20h45 pétantes. Comme à l'époque les films à la télé commençaient à 20h30, cela me permettait d'en voir le premier quart d'heure. Je passe sur la frustration de partir au lit après avoir vu juste ce qu'il fallait pour avoir envie d'en voir plus... Bref. Un soir, un étrange cowboy a fait son apparition sur le petit écran (qui portait à l'époque bien son nom) : tout de noir vêtu, l'air sadique, flinguant sur une musique psychédélique des méchants à peine plus méchants que lui avec un Derringer à quatre canons, plus trois dans la crosse. Jusqu'alors, pour moi, le western, c'était Gary Cooper, John Wayne, Richard Widmark, des gens bien propres qui mangeaient correctement à table, qui tenaient la porte de la diligence à la dame et qui abattaient les vilains Indiens qui voulaient la scalper. Je ne le savais pas encore, mais je venais de découvrir Lee Van Cleef et le western italien. L'excitation avait dû m'empêcher de dormir, cette nuit-là...