Toute la difficulté de retranscrire l’Histoire avec un grand H dans ses moments les plus dramatiques est de ne pas tomber dans la surenchère d’émotions et d’effets, ce dont ce sont fait spécialistes nos amis américains. Évidemment pour faire un film, il vous faut aussi avoir un minimum de scénario à mettre en scène, en rythme et en image de manière intelligente. La Rafle du Vel d’Hiv’ était largement restée dans nos livres d’histoires, et offrait un sujet aujourd’hui moins délicat à aborder, et ce de façon plutôt correcte pour présenter aux jeunes générations une tragédie des temps anciens (espérons).
Hors donc, voici mis en images une des faces cachées de l’état français durant le gouvernement de Vichy. Soit la rafle de plusieurs milliers de juifs par la milice et les policiers français, sous le regard des forces d’occupation. Parqués dans le Vel d’Hiv’, tous ces déplacés seront ensuite amenés dans un camp du Loiret avant de rejoindre les camps de la mort en Europe de l’Est, desquels seulement quelques uns reviendront vivants. Cette rafle est la plus importante, et emblématique des persécutions envers les Juifs durant la Seconde Guerre Mondiale. Transformer cette tragédie en long métrage se devait donc d’être irréprochable, tant sur le plan du témoignage historique que de la sincérité du propos, notamment concernant la participation directe du gouvernement de vichy à ce moment précis.
Et pour un deuxième film, Roselyne Bosch s’en sort extrêmement bien. Filmant avec simplicité cette déportation, elle concentre son attention sur quelques personnages clés, représentatifs de la situation, d’une famille juive à une infirmière non juive, d’un médecin sans moyen médicaux aux policiers lâches ou non, etc… La Rafle en cela raconte l’histoire vue de l’intérieur, sans démagogie aucune mais uniquement le simple reflet d’une certaine réalité (très proche des faits sans doute, mais on ne peut enlever une certaine cinématographie de l’ensemble). Voilà donc un film qui essaie de ne pas trop s’emballer sur le sentimentaliste facilement multiplié face aux actes odieux contés. Et le spectateur se fait prendre sans y prêter attention dans l’émotion globale. Forcément habitué aux mélodrames contemporains, on est même étonné de voir les têtes d’affiches (Sylvie Testud, Jean Reno, Gad Elmaleh…) restées à leur place et discrètement disparaître pour laisser l’histoire continuer sans eux. Enfin, les enfants choisis pour les jeunes rôles (des morceaux d’histoire s’inspirant directement de la vie d’un des rescapés) sont remarquables dans leur interprétation, laissant entrevoir un nouvel effet « Choristes » qu’il serait bon d’éviter, espérons.
La Rafle donc, en toute modestie, se permet de raviver certaines mémoires sur des évènements à ne pas oublier, avec toutes les ambiguïtés qui ont existées. Mais c’est peut être ça au final qui en fait un film plus historique que réellement cinématographique.