Pas si chaud, le Kabukicho !

Publié le 06 mars 2010 par Tazar

Après Shibuya, nous voici à Shinjuku, un autre quartier emblématique de Tokyo. Non content de posséder la plus grande station de métro du monde (des kilomètres de couloirs, une cinquantaine de sortie et trois millions de passagers par jour) Shinjuku se divise en trois – grandes – parties : celle des gratte-ciel, celle du Kabukicho (le quartier « cho » de Tokyo) et celle du Shinjuku gyoen, le plus grand parc de la ville, qui devient rose à l’époque de la floraison des cerisiers. Il paraît que c’est très joli, à condition toutefois d’aimer le rose. Vu que, pour les cerisiers, il faudra repasser à un autre moment qu’en hiver, nous avons, d’un commun accord avec moi-même, fait l’impasse sur ce parc. De toutes façons, les parcs, c’est comme les temples, on sait ce que c’est… On en a vu un (le parc de la Rivière bleue, par exemple) et on les a tous vus !

Restent donc les gratte-ciel ou le quartier chaud. On commence par quoi ? Comment ? Bon, d’accord.

Le Kabukicho présente tout d’abord, aux yeux du badal émerveillé, une chiée d’enseignes et de néons verticaux scintillants, clignotants et tout ce que tu voudras dans un fatras de lumières éblouissantes qui foutraient directos la colique à Gilbert Montagné. S’ensuit toute une enfilade de bars de massages, de salons à hôtesses, de salles de strip, de boîtes de jeux et de love hotels (au nom quand même plus agréable que nos vulgaires hôtels de passe)…


D’après le Guide du routard, le Kabukicho serait, je cite de mémoire, dix fois plus impressionnant que Pigalle. Puis-je pouffer ? Merci. Pouf, pouf…
Plus dépaysant, forcément. Plus chaud, sûrement pas. Tout reste bon enfant, à la japonaise. Pas de racolages ou d’exhibitions sordides comme chez nos amis parisiens ou au King Cross voisin. Seules les otaku (très jeunes filles déguisées délicatement en soubrettes, maid) distribuent obligeamment des prospectus pour vanter les mérites de leur maid-café. Pas le moindre sentiment d’insécurité, donc. Tokyo est bien, de loin, la capitale la plus sûre du monde et cela se ressent jusque dans le « cho ».


Si je ne peux bien sûr pas te décrire en détail l’intérieur de tous ces lieux de voluptueuse perdition (Madame Tazar n’est pas loin), laisse-moi par contre m’attarder, en tout bien tout honneur, sur les pachinko, ces salles de jeux enfumées qui constituent le premier passe-temps national du coin. Des chiées d’espèce de flippers verticaux disposés côte à côte, des clients absorbés à l’extrême, des heures durant, par l’importance de la tâche à accomplir et, surtout, le bruit des machines… Ah, le bruit des machines !
Un vacarme effarant, effroyable, hallucinant, affolant (putain, le dico des synonymes va y passer !), sorte de fusion cosmique entre un morceau de Slayer passé en 78 tours, volume bloqué à 11, et une usine nord-coréenne de concassage de graviers. Le genre d’expérience ultime qui te ferait prendre un "concert" des lobotomisés de NTM (traduction française de « Manque de respect à ta génitrice ») pour une charmante musiquounette de chambre.


Plus tard, brisé par le rythme infernal du quartier et la dépression post-pachinko, le client se rendra dans un maid-café aux décors de poupée où une soubrette avec une petite coiffe blanche dans les cheveux l’accueillera par un mielleux « bienvenue chez vous, maître ! » (GDR 2009 – p.165)