Voici le nouveau roman de Sandro veronesi, l'auteur de Chaos calme qui il me semble a remporté un bel accueil en France mais que je n'ai pas lu.
La 4ème de couverture nous prévient : la trame du roman est digne d'un scénario de Pasolini... Effectivement, on s'en prend plein la tête. Certaines scènes sont parfois assez crues. Et pour tourner les pages, il faut s'accrocher et reprendre son souffle. Car dès le début, on pressent que le plus dur reste à venir. Pourtant on a envie de savoir ce qui va arriver aux personnages. La misère, l'obscurantisme, la frustration, la vengeance... tout y passe. Deux histoires que l'on suit en parallèle dans le milieu religieux et la rue.
Italie, fin des années 60. Dans un orphelinat, le père Spartacus, ancien missionnaire fondamentaliste, est censé s'occuper des gamins abandonnés. Il préfère leur infliger des punitions violentes et les maltraiter. Mais bien vite il s'écarte de sa mission première. Il va construire une espèce de monument légendaire pour faire ses louanges à la Vierge Marie. La soeur Ernesta semble être la seule à comprendre qu'il devient fou tellement ces projets de dévotion semblent sans limites. Elle s'en remet à Marie pour lui demander conseils prenant les rennes de l'Orphelinat.
En parallèle, nous suivons une autre histoire, celle d'un gamin, échappé de l'orphelinat et qui est condamné à vivre dans le quartier appelé le Chantier, où tous les reclus de la société se sont donnés rendez-vous. Puis d'un autre enfant, sauvage et solitaire, qui va suive un parcours destructeur.
L'éditeur français a préféré traduire le titre original Brucia troia par Terrain vague. Pourtant le titre italien reflète à mon sens bien mieux l'esprit du roman. Brûle, Troie révèle les deux "héros" du roman.
D'un côté, le père Spartacus refusant la modernité qui approche, par sa folie, va malgré lui mettre un terme aux abominations et aux sévices qui règnent dans l'orphelinat et être considéré comme un saint. Il ne restera plus rien de l'orphelinat cédant la place à une nouvelle ère.
De l'autre, le jeune Pampa va faire sortir le démon qui longtemps s'était réfugié en lui en passant par de terribles épreuves et d'horribles souffrances. il est le symbole des laissés pour compte, détruit par une société âpre et cruelle.
Brucia Troia peut se traduire vulgairement par "Brûle salope" qui rend compte de la violence des situations dans lesquels les personnages évoluent.