Il se lit en quelques heures et j’ai été rapidement happée par l’étonnante correspondance de cette Américaine, passionnée de littérature britannique à la recherche de livres d’occasion, avec le libraire Frank Doel. Certaines lettres sont tellement “brouillon” et mesquines qu’on en vient à se demander si elles ont bien été envoyées:
Frank Doel, what are you DOING over there, you are not DOING anything, you are just sitting AROUND.
Where is Leigh Hunt ? Where is the Oxford verse ? Where is the Vulgate and dear goofy John Henry, I thought they’ d be such nice uplifting reading for Lent and NOTHING do you send me.
Malgré cela, leur relation épistolaire durera 20 ans (de 1949 à 1969). Il s’établira entre eux une amitié et une complicité qui peu à peu s’étendra à aux collègues et à la famille de Frank Doel.
Il est très probable qu’un certain nombre de lettres furent perdues. Ont-elles de l’importance pour la compréhension de ce livre ? Sans doute pas. Un site internet crée en 2003 tente de rassembler le maximum de documents sur la librairie (ce qu’elle est devenue, à quoi elle ressemble aujourd’hui) mais aussi de reconstituer l’ensemble du personnel avec biographies et photos à l’appui. C’est absolument fascinant lorsque l’on a lu et apprécié le livre.
Mon édition contenait aussi The Duchess of Bloomsbury Street, le journal qu’Helene Hanff a tenu pendant son séjour à Londres en 1971. Elle y relate ses rencontres, ses impressions, les lieux qu’elle visite. C’est un peu la “suite” de 84 Charing Cross Road, d’ailleurs je me demande pourquoi ses deux livres sont quelquefois vendus séparément alors qu’ils sont tellement complémentaires, on passe de l’un à l’autre très naturellement.
J’ai pu facilement m’identifier avec ses humeurs et ses emballements lors de ses ballades dans Londres. Charing Cross, Wimpole Street, Harley Street, Russell Square, Great Russell Street, le pub The George dans le quartier de London Bridge mais aussi des endroits qui me sont moins familiers et qu’elle m’a donné envie de revoir et d’explorer davantage. Un petit reproche seulement, son obsession quelque peu déraisonnée pour les auteurs classiques britanniques et certains commentaires, comme celui-ci par exemple, m’ont agacée:
Lots of Russian and Czech tourist families here, with blond, well-behaved children. Several parties of German tourists, middle-aged to make it worse. (The young ones you don’t mind; they-didn’t-do-it)
Mais il s’agissait d’une autre époque et dans l’ensemble j’ai passé un très bon moment avec l’exubérante Miss Hanff.
La note de L’Ogresse: