On lit les souvenirs de Noria, la mère d’Amel, alors petite fille. Les bidonvilles de Nanterre, la boue, la famille endimanchée pour la manifestation organisée par le FLN contre le couvre-feu des Algériens. Elle décrit, elle tempère, elle pardonne sûrement. Après tout, son père à elle reviendra vivant. Elle a voulu oublier aussi.
On entend la voix d’un flic de Clichy, d’un ‘calot bleu’ harki engagé dans la police de Papon, des patrons de café, d’un étudiant, d’un libraire qui a fait ce qu’il a pu… et d’autres, passifs ou actifs ou soumis.
Petit à petit l’on se fait une idée de ce qui s’est passé ce jour-là. Les arrestations, les passages à tabac, les meurtres, les corps jetés dans la Seine (d’où le titre La Seine était rouge). Les ‘calots bleus’ enrôlés, entrainés, pour matraquer et tuer les leurs. Il y a des relents de Vel D’Hiv’ dans tout cela, les cars, les camps, les stades que l’on nettoie, une fois la sale besogne menée à bien, pour un concert de Ray Charles.
Ce roman chorale s’adresse tout aussi bien à des adolescents qu’à des adultes. Pourtant j’avoue m’être un peu perdue au début dans tous ces personnages féminins et leur relation les unes aux autres. L’histoire en elle-même m’a beaucoup touchée mais ce petit livre de 143 pages m’a laissée légèrement sur ma fin. J’aurais aimé en apprendre davantage. Heureusement, j’ai découvert ce site 17 octobre 1961: contre l’oubli qui ne semble plus être mis à jour mais qui devrait pouvoir étancher ma soif de savoir.
La note de L’Ogresse: