En 1996, 35 ans après les massacres, nous découvrons à travers les récits des acteurs et des témoins oculaires du film de Louis, ainsi que le pèlerinage d’Amel et d’Omer sur les traces des manifestants du 17 octobre 1961, la chronologie des événements.
On lit les souvenirs de Noria, la mère d’Amel, alors petite fille. Les bidonvilles de Nanterre, la boue, la famille endimanchée pour la manifestation organisée par le FLN contre le couvre-feu des Algériens. Elle décrit, elle tempère, elle pardonne sûrement. Après tout, son père à elle reviendra vivant. Elle a voulu oublier aussi.
On entend la voix d’un flic de Clichy, d’un ‘calot bleu’ harki engagé dans la police de Papon, des patrons de café, d’un étudiant, d’un libraire qui a fait ce qu’il a pu… et d’autres, passifs ou actifs ou soumis.
Petit à petit l’on se fait une idée de ce qui s’est passé ce jour-là. Les arrestations, les passages à tabac, les meurtres, les corps jetés dans la Seine (d’où le titre La Seine était rouge). Les ‘calots bleus’ enrôlés, entrainés, pour matraquer et tuer les leurs. Il y a des relents de Vel D’Hiv’ dans tout cela, les cars, les camps, les stades que l’on nettoie, une fois la sale besogne menée à bien, pour un concert de Ray Charles.
Ce roman chorale s’adresse tout aussi bien à des adolescents qu’à des adultes. Pourtant j’avoue m’être un peu perdue au début dans tous ces personnages féminins et leur relation les unes aux autres. L’histoire en elle-même m’a beaucoup touchée mais ce petit livre de 143 pages m’a laissée légèrement sur ma fin. J’aurais aimé en apprendre davantage. Heureusement, j’ai découvert ce site 17 octobre 1961: contre l’oubli qui ne semble plus être mis à jour mais qui devrait pouvoir étancher ma soif de savoir.
La note de L’Ogresse: