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Never let me go de Kazuo Ishiguro

Par Ogresse
Never let me go de Kazuo IshiguroCe roman n'est pas ce qu'il semble être, c'est à dire un livre de science fiction ou sur le clonage humain. Non, ce serait du premier degré, ce serait passer à côté de la parabole qu’est cette histoire, ce qui fait son intérêt.
Ce qui choque le plus dans
Never Let Me Go(Auprès de moi toujours) de Kazuo Ishiguro, c’est la passivité de ses personnages, l’acceptation de leur condition. Pourtant, au premier abord, ils semblent comme vous et moi mais au fur et à mesure du livre, j’ai eu une envie irrépressible de crier: partez, faites votre vie ailleurs, ne subissez plus ! Mais même lorsqu'ils décident de rompre avec les règles établies, ils ressentent le besoin de demander la permission. Il n'y aura aucune rébellion car tous finiront inéluctablement par rentrer dans le rang
Depuis leur plus petite enfance à Hailsham (un nom que l'auteur n'a pas du choisir au hasard puisque 'sham', bien que très courant, veut aussi dire ‘imposture‘), un internat caché au fin fond d’une campagne idyllique anglaise digne de Jane Austen, ils sont conditionnés à faire don de leurs organes, comme une vieille voiture ses pièces détachées. Car c’est leur destin, ils le savent et malgré toute l’éducation qu’on leur donne, la culture qu’on leur transmet, ils l’acceptent avec fatalisme.
La naïveté des clones est grande. Ils vivent en vase clos et observent le monde extérieur souvent avec envie, parfois avec horreur. De nombreuses rumeurs circulent à Hailsham et plus tard dans les centres d’apprentissage et de dons, ils fabriquent leur vérité parce qu’on la leur cache. Cela aussi, d’une certaine façon, ils l’acceptent.
On ne sait rien de leur naissance. Par moment, on se les représente en grappes d’enfants, où les mouvements de chacun se savent. Très vite pourtant, grâce à la narratrice, Kathy, les caractères se détachent. Il y a Tommy, un garçon colérique qui refuse de créer et dont tout le monde se moque. Il y a aussi Ruth, une meneuse, une égoïste. Et puis, Kathy qui nous raconte froidement leur histoire, à nous le lecteur, qui veut absolument que l’on comprenne leur amitié, la complexité de leurs relations, qui espère laisser une trace de ce que fut leur vie.
Ce récit est un prétexte pour Ishiguro à nous présenter sa réflexion sur la condition humaine dans un monde dystopique qui n’est finalement pas si éloigné du notre. La répression des passions, la nostalgie, les regrets sont des thèmes qu’il avait abordés dans le sublime
The Remains of the Day
(Les vestiges du jour), ils sont aussi présents dans ce roman mais de façon un peu moins convaincante. C’est malgré tout un roman touchant, fort, que je recommande.

La note de L'Ogresse:
Never let me go de Kazuo Ishiguro

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