La semaine dernière, Rachida Dati parlait d'un nécessaire retour aux fondamentaux de la droite. Cette idée a été reprise hier soir par d'autres, notamment par Jean-François Copé. Mais qu'entendent-ils donc par là? Et ce retour à ces fondamentaux peut-il les aider?
La sécurité fait certainement partie de ces fondamentaux auxquels ils pensent, mais à trop en faire sans obtenir de résultats, on finit pas décevoir. Ce n'est pas en annonçant un durcissement des peines à chaque nouvelle affaire (comme encore la semaine dernière à l'occasion de l'assassinat de ce policier) que l'on améliore la sécurité.
Les vertus du travail et de l'effort? avec son discours sur les heures supplémentaires, Nicolas Sarkozy avait séduit une partie de la classe ouvrière. Celle-là même qui voit aujourd'hui ses emplois disparaître pour cause de crise. Mettre en avant la valeur travail (et taper donc, sur ceux qui veulent plus de temps libre) parait inadapté en ces temps de hausse continue du chômage. Cela risque de braquer contre la droite cette classe ouvrière qui sait bien que le chômage n'est pas volontaire.
Les valeurs traditionnelles, aujourd'hui exprimées par le refus de la burqa? C'est donner du grain à moudre au Front National à l'affût, prêt à plumer ce qu'il pourra de la volaille UMP. D'autant que les comportements personnels de Nicolas Sarkozy sont parfois tellement à l'opposé de ces valeurs traditionnelles qu'on doute qu'il soit le mieux à même de les exprimer.
La liberté d'entreprendre? Les mesures prises en faveur de l'auto-entrepreneuriat vont bien dans ce sens, mais en période de crise, les citoyens sont plutôt à la recherche d'un filet de sécurité que d'un tremplin pour sauter à l'aventure.
Les baisses d'impôt? C'est un thème classique à droite que Nicolas Sarkozy a maladroitement dilapidé avec son bouclier fiscal.
Reste le refus de l'ouverture. Mais qui croit vraiment que le départ de Kouchner et de quelques autres transfuges de gauche améliorera la situation de la droite?
Plutôt que de se soucier de ses fondamentaux, la droite devrait s'interroger sur ce qui a pu inciter son électorat traditionnel (cultivateurs, personnes âgées) à se détourner d'elle. Elle découvrirait que ses politiques sur les services publics (qui disparaissent à vitesse accélérée de nos campagnes), ses projets en matière de retraite et les comportements "peu conventionnels" de Nicolas Sarkozy sont pour beaucoup dans ce désamour. Ce sont les réformes qu'il faut mettre en cause. Et cela, c'est certainement beaucoup plus difficile à accepter.