Les analyses vont bon train ce matin dans la presse et dans les médias sur, pardonnez moi l'expression, la pâtée que vient de se prendre le président Sarkozy aux élections régionales. Dans les 35% des voix contre dans les 54% pour son adversaire le PS, c'est presque 20% d'écart.
Est-ce le style du président, est-ce l'identité nationale, est-ce les réformes qui vont trop vite – oui, notre presse coupée du monde pose sérieusement cette question, est-ce la politique d'ouverture à gauche ?
La question sur laquelle on passe le moins de temps est finalement la plus importante. Comment peut-on encore douter que les Français ont compris la menace claire et immédiate qui pèse sur leur futur en matière fiscale ? Déjà aujourd'hui tous les comptes sont au rouge vif, Etat central et autres niveaux de pouvoir, sécu et régimes de retraites, plus tout un paquet de déficit cachés dans l'appareil d'Etat et dans certains autres organismes publics, par exemple dans les chemins de fer.
Or, la France a une fiscalité parmi les deux ou trois les plus lourdes du monde. Et, cet état de fait ayant créé une difficulté majeure à créer du travail, de moins en moins de Français sont actifs, mais surtout de moins en moins sont actifs dans le secteur commercial concurrentiel. Il se crée de moins en moins de valeur. Ce qui veut dire, tout simplement, qu'il devient de plus en plus difficile de relever les rentrées fiscales.
Déficits et dettes écrasants, rentrées fiscales au plafond, sous peine d'appauvrir intolérablement les Français et, pire encore, de les désespérer.
Mais alors, on ne peut plus rien faire ? Il n'y a plus aucune solution ? Semble être la question. Pardon messieurs et mesdames les commentateurs, mais bien au contraire. Il y a à tout cela un deuxième volet où la possibilité d'action salvatrice est aussi gigantesque qu'urgente et nécessaire : la dépense. Car enfin, la France ne s'est pas mise dans cette situation de façon mystérieuse. Elle s'y est mise, simplement, en dépensant trop.
Pire encore, cette dépense écrasante penche de plus en plus dans les frais de fonctionnement, et bien sûr, tragiquement, le coût de la dette, et de moins en moins vers de l'investissement, où l'Etat peut parfois faire des choses pas entièrement désastreuses, même si au final jamais (sauf accident bien sûr) aussi efficiente que les entrepreneurs.
Dès lors, il n'y a désormais plus qu'une chose et une seule à faire : s'attaquer, et s'attaquer pour de bon – pas des ronds de jambes à la « non remplacement d'un fonctionnaires sur deux » suivi de manigances sur les temps partiels et les temps complets – à la dépense publique, et donc surtout aux frais de fonctionnement, et donc surtout, puisqu'il faut tout écrire noir sur blanc dans ce pays qui se cache sous sa couette, à la masse salariale du public.
Tristement, un secteur de dépense qui a été négligé alors qu'il correspond bien, lui, au cœur des missions de l'État, c'est la sécurité et la police. A elle il faut rendre la capacité d'intervenir où et comme il se doit.
Pour le reste, il est désormais urgent que le nombre de fonctionnaires soit ramené rapidement à un nombre digne d'un pays moderne, comme par exemple moitié moins si on prend l'exemple néerlandais, ramené à la population, qu'on remette en cause la destructive illusion de la gratuité de bien des services, qu'on cesse de promettre allocs sur allocs à tout un chacun, qu'on laisse à nouveau l'initiative, l'innovation et la créativité des entrepreneurs s'exprimer pour des services sclérosés tels la santé, l'éducation, les retraites, qu'on abolisse les privilèges – et les régimes qui se permettent impunément de piller le régime général, en commençant, naturellement, par les privilèges intolérables que se sont votés à eux même, depuis des décennies, les élus – pension à vie après juste deux mandats de député, pour n'en citer qu'un parmi des centaines.
Cessez de feindre la cécité, M. le président. L'éléphant dans le salon, c'est la dépense publique. S'y attaquer, c'est sauver vos dernières chances en politique et celles de vos proches qui rêvent encore de mandats futurs, mais ceci est bien entendu le cadet de mes soucis. S'y attaquer c'est surtout éviter à la France les catastrophes inimaginables que votre inaction actuelle lui promet.