« Que celui d'entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre ! » (Jn 8, 7)
Face aux reproches, fondés ou non, adressés à l'Eglise, vois la réaction exemplaire des saints ! Eux aussi ont souffert des fautes de l'Eglise, mais ils ont voulu la réformer non par la critique agressive, mais par un amour plus grand. Ils ont reconnu l'Eglise, l'Epouse du Christ, dans cette femme, surprise en adultère, que l'on traîne devant lui afin qu'il décrète sa lapidation (cf. Jn 8,1-11). Ils ont imité le Seigneur, qui prend la défense de cette épouse infidèle en disant : « Que celui d'entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre ! » - « À ces mots, ils se retirèrent un à un, à commencer par les plus vieux. » Et Jésus conclut : « Femme, où sont-ils ? Personne ne t’a condamnée ? – Personne, Seigneur. Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, désormais ne pèche plus. »
L'Eglise est régulièrement traînée devant Jésus pour obtenir sa condamnation. Souvent à tort. Souvent aussi avec raison. Or Jésus traitera toujours son Epouse, sainte et infidèle à la fois, comme il a traité la femme adultère. Il renverra confus les détracteurs sans amour. Et, sans condamner son Eglise, il la provoquera à la conversion. Ou, plutôt, il invitera ses disciples à se convertir sans cesse afin de mieux correspondre à cette parle de l'Eglise qui est indéfectiblement sainte, à ce mystère immaculé qui brille au cœur de l'Eglise et dont Marie et le miroir vivant. Car, malgré les fautes de ses enfants, l'Eglise a toujours transmis l'Evangile intact, même quand il la jugeait, et elle a toujours permis à la vie du Christ de couler jusqu'à nous dans les sacrements. Par-delà ce qui est humain, trop humain, dans l'Eglise, cherche donc à pénétrer sa réalité profonde, accueille son mystère.
André-Mutien Léonard, Envoyés pour annoncer… Le cœur de la foi chrétienne, Editions de l’Emmanuel 2003, p. 58-59