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Faire le pied de grue trente minutes dans un train en rase campagne, le lot quasi quotidien du voyageur abreuvé d’explications à coucher sous les ponts. De molles excuses à vous faire de belles jambes. Courir pour attraper une correspondance. Deux rames antédiluviennes pleines comme un œuf. Poireauter quinze autres minutes en gare de Bordeaux sans la queue d’une justification. L’usager de la SNCF est stoïque. Il lit. Il pique un somme. Il reluque la culotte dépassant du pantalon de la voisine. Il s’impatiente ou s’en tamponne le coquillard. Il glousse à la plaisanterie pas fine d’une camarade de classe qui lui prête un genou en guise de fauteuil. Tortillard à l’arrêt en gare de Castillon. Et les portes ouvertes laissent entendre le merle siffleur qui n’a cure des retards que collectionne le voyageur.