Puisque nous l'avons rêvé, ce voyage, nous l'avons réalisé. Maintenant, il faut l'expliquer… Car, voyez-vous, c'est le plus beau des voyages, celui qui ne s'encombre pas de bagages ni de choses inutiles, comme la vérité, par exemple. C'est un voyage absolu. J'ai apprécié l'idée et je m'y colle. Les puristes diront que ces machines à explorer le temps sont impossibles à conduire. Que du fait de la limitation des vitesses sur la quatre voies, des radars, cela mettrait à mal la logique cartésienne. Balivernes !
Depuis Einstein, on sait que la relativité restreinte permet « certaines dilatations » et donc la sensation d'explorer le temps. Cela tombe bien, moi, les histoires de dilatation, ça me donne la pêche et le vide, ça m'intéresse. Bien que, avec l'âge, ces enthousiasmes juvéniles relèvent davantage du phantasme que de la réalité palpable. Mais avec l'extension du temps et le déplacement dans les époques, il est légitime et même souhaitable de modifier notre propre apparence. Dans mon esprit, la transformation s'est faite d'elle même sans le moindre effort. Je suis jeune et robuste. Je suis beau selon les critères de l'époque où je me trouve projeté. Je suis amoureux et comme tout amoureux qui se respecte, je prospecte, l'air parfaitement benêt. Normal, j'ai dans les vingt, vingt-cinq ans. A-t-on déjà vu plus stupide à cet âge-là ?