Nous avons pris l'autoroute en direction du nord. Je voyais les vestiges de Césarée s'effacer lentement pour ne devenir qu'un petit point à l'horizon, mais déjà d'autres paysages s'offraient à moi. La côte sauvage côté gauche était irrésistible et je ne pouvais en détacher mon regard. La mer s'étendait à perte de vue et déclinait ses couleurs bleutées. Sur ma droite un paysage arboré et verdoyant laissait deviner quelque village caché entre les arbres. Des champs en jachère, des dounams cultivés.... des plantations de bananes, des serres remplies d'agrumes.... J'apercevais, au loin, les premières bâtisses de Haïfa mais déjà nous quittions l'autoroute pour emprunter une petite route serpentant entre deux collines. Nous étions arrivés à destination : Ein Hod, le village d'artistes.
Niché en hauteur au creux d'une colline plantée d'oliviers et de sapins d'où l'on aperçoit au loin la mer, Ein Hod est un petit village, fier de 500 âmes, qui a une particularité, celle d'abriter des femmes et des hommes, musiciens, peintres, sculpteurs, potiers, écrivains, qui ont en commun l'amour des métiers de l'art.
Ce village est né au milieu du moyen âge. Il s'appelait alors Ein Yioud et de nombreuses familles arabes y avaient élu domicile. Lors de la guerre d'indépendance en 1948, il fut pris par l'armée Israélienne et abandonné par ses habitants. En 1949, une poignée d'immigrants décidèrent de le faire renaître mais sans succès, ils le laissèrent très vite pour partir vers d'autres contrées.
En 1953, Marcel Janco, peintre et architecte d'origine Roumaine, adepte du "Dadaïsme", qui s'était réfugié a Tel-Aviv en 1942 décidait de faire de ce village un village d'artistes. Il y créa le groupe "Horizons nouveaux", les maisons abandonnées furent restaurées et de nouvelles furent érigées ; la vie du village se mit en place lentement mais surement. Aujourd'hui, l'endroit est dirigé par une assemblée générale, sorte de petit conseil municipal qui régit le village. Si l'on souhaite y habiter, il faut exercer un métier ayant trait à l'art artisanal ou à l'art de la scène et être accepté par l'assemblée.
Vous avez envie de flâner dans les ruelles ensoleillées, de regarder le soleil se refléter sur les vieilles pierres, de sentir l'odeur des oliviers, d'écouter le vent dans les arbres et de découvrir de belles oeuvres, je vous emmène dans les petites rues de ce village pittoresque.
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Toutes les maisons sont en pierre de Jérusalem, les contours de fenêtres, les barrières, les portes sont souvent peintes en bleu, ça donne un air provençal à l'ensemble. Beaucoup de verdure et de fleurs entourent les bâtisses. Les bougainvilliers sont en fleurs toute l'année et le village est planté en majorité d'oliviers très anciens.
La gallerie de Marcel Janco avec son bureau
Et partout ces ruelles ensoleillées et bordées de fleurs qui laissent parfois entrevoir un magnifique panorama.. et le silence que l'on entend, que l'on écoute, que l'on respire. Ce calme dont on s'imprègne et qui confère à ce lieu une grande place pour la rêverie.
Et lorsque nous poussons les portes des maisons et que nous pénétrons dans les petits ateliers une sorte de magie s'empare de nous. Les couleurs de l'arc en ciel sont partout, textures vives qui ravissent les yeux, tons chauds qui nous enveloppent et nous rassurent, teintes jaunes et orangers qui donnent une touche ensoleillée, chaleur des matières que l'on caresse, enchantement des formes et ce bleu, toujours ce bleu omniprésent dans le paysage et dans les oeuvres artistiques quel bonheur....
Dix artistes résidents ont reçu une récompense israélienne pour leurs oeuvres que ce soit en peinture, sculpture, arts plastiques, mais aussi littérature, poésie, dance ou encore cinéma.
Une gallerie centrale regroupe le travail des 95 artistes qui habitent Hein Hod. Dans quatre salles différentes, on peut admirer les peintures et sculptures mais aussi les oeuvres en céramiques, en verre, en bois, un petit espace accueille des bijoux en pierre et argent, et une pièce garde précieusement des livres et des manuscrits.
Parfois il n'est guère besoin d'avoir une gallerie pour exposer. Ici les oeuvres sont aussi dans la rue...
Les boites aux lettres usagées n'ont pas été détruites. Un artiste s'est chargé de leur donner une seconde vie. Elles rappellent l'Arche de Noé et des couples d'animaux sont logés dans les boites... fallait y penser.
Il y a parfois des artistes qui nous plaisent plus que d'autres, on s'identifie à leurs oeuvres, ils sont sympathiques et chaleureux et on finit par craquer en passant commande....
Non non je n'ai pas acheté ce petit cochon qui est bien mignon. J'ai passé commande d'un chat en céramique, un peu moins grand dans les tons rouges et bleus du même style que l'animal présenté ci-dessus. Il y avait un joli modèle exposé, je pensais l'avoir photographié mais j'étais tellement fascinée par les céramiques, les peintures et le travail sur verre d'une autre artiste qui partage la gallerie que j'ai du oublier....la femme qui va me façonner le chat s'appelle Héléna Aleshy, mais il va me falloir être patiente, il ne sera prêt qu'en Janvier 2008, il m'appartiendra après de lui donner vie, mais l'artiste en aura déjà insufflé les premiers pas....
J'étais enchantée de cette visite. Si vous aimez l'art en général, si vous aimez les villages typiques, les pierres et la nature, vous vous sentirez bien ici. On y reste facilement la journée et c'est agréable de déambuler dans les ruelles. Même si les maisons se ressemblent elle sont toutes uniques et ont chacune un cachet particulier. Je crois qu'elles m'ont toutes plues sans exception aucune.
Parfois je me demandais ce qui se cachait derrière les vieilles portes, quelle avait été l'histoire de cette maison, était-elle d'origine, avait elle été restaurée, qui est l'artiste qui l'anime et la fait vivre ?
Mais la nuit tombe vite en Israël et il a fallu refermer le livre d'images grandeur nature qui s'étalait devant moi. Mes yeux ont photographié, enregistré et mémorisé chaque recoin de cet endroit particulier. J'y reviendrais c'est certain, demain, dans un mois, l'avenir me le dira....