Le combat des jeunes mariées du Yémen est loin d'être gagné... Plusieurs milliers de femmes ont manifesté ce dimanche, devant le parlement, à Sanaa, à l'appel des milieux islamistes et conservateurs contre un projet de loi visant à augmenter l'âge minimum du mariage. « Ne bannissez pas ce qui a été autorisé par Allah », « Non aux manipulations des droits des femmes », ou encore « Le Coran et la sunna au dessus des traités contraires à notre religion », disaient les banderoles en signe d'opposition à cette nouvelle loi qui envisage de fixer à 17 ans l'âge du mariage des filles (contre actuellement 15 ans) et à 18 ans celui des garçons.
Il y a deux ans, la petite Nojoud, divorcée à 10 ans, avait brisé le tabou sur la pratique des mariages précoces, très courante au Yémen. Sa victoire avait alors inspiré d'autres fillettes comme elle, et poussé les associations féminines à réclamer une réforme de la loi sur le mariage. Mais pour les ultras - qui rappellent que le prophète épousa Aïcha lorsqu'elle avait neuf ans - on ne badine pas avec l'âge des noces. Ainsi, le projet, adopté au parlement mais soumis à de vives discussions, essuie aujourd'hui une pluie de critiques acerbes venant des milieux traditionalistes.
(Crédit photo : Reuters - Nojoud lors de son audience, au tribunal, en avril 2008)