14pm, c'est un nouvel espace dédié à la photo contemporaine: un "deux en un" qui regroupe un studio photo et une nouvelle galerie et ouvre ses
portes dès le 25 mars prochain, du coté de Gentilly. Que les plus parisiens d'entre vous se rassurent, il est situé aux portes de Paris. La preuve, il y a même une station Velib.
Un mot d'ordre pour 14pm: "se sentir comme chez soi et se consacrer à l'essentiel, la photographie".
Bon là, je viens de vous réécrire mot pour mot, une phrase du communiqué, alors autant aller à la transparence totale : c'est par l'intermédiaire d'une fine connaisseuse et passionnée de photo,
"accessoirement" attachée de presse, que j'ai appris l'existence de ce nouvel endroit. Et je ne me force pas trop pour relayer cette information car, plus la création photo contemporaine trouve
de nouveaux espaces d'expression, mieux c'est.
D'autant plus que les deux photographes qui inaugurent la première exposition de 14pm m'ont interpellé par leur façon de proposer avec
singularité leurs visions du "portrait".
Arno Lam, présente dans cette exposition, une série d'autoportraits, intitulée "Je est un autre", une démarche originale qui joue avec notre regard pour essayer d'entrevoir le vrai visage de l'artiste, une démarche qui brouille les pistes pour mieux dévoiler la pluralité des apparences identitaires qu'on peut adopter. Au delà de cette série, le photographe excelle dans l'art du portrait : de visage en visage capturés, il révèle dans certaines séries, la part de mystère qui plane au dessus des personnalités par des jeux de cadrages serrés, en gros plan, aucune décoration, si ce n'est un jeu de lumière subtil sur fond noir ou blanc.
Du coté de Jérôme Bonnet, le portrait est à fois dans cette veine mais aussi souvent une histoire de mise en scène soigneusement travaillée dans laquelle le décor et les mises en situations font partie intégrantes de la réussite et de l'originalité de ses photos. Une mise en scène pour mieux révéler une part de vérité ou de singularité des personnes photographiées. Un support qui lui permet de saisir l'instant "différent" où l'artiste lachera prise. Le photographe de la célèbre dernière page de Libération : "Portraits", tient à son compte, un beau florilège de portraits de stars et d'artistes.
Très récemment, c'est avec la photographie de "Monsieur Dendoune, père de famille" qu'il reçoit le troisième prix dans la catégorie "Portrait" aux World Press Photo 2010. Sur fond d'une tapisserie surannée d'une autre époque, monsieur Dendoune, par des jeux de lumières saturée, réajuste sa cravate, simple et élégant. Autre univers, la photo prise en 2008 (ci-dessous) de Dennis Hooper est, je trouve, très belle: à la fois énigmatique et cinématographique.
Et pour finir dans mes favoris, c'est un de ses portraits les plus récents que je vous invite à découvrir sur son site : celui de Takeshi Kitano dont je viens de voir l'excellente exposition à la Fondation Cartier (je vous la recommande!); le photographe y saisit une autre facette de l'artiste, plus torturé.