Dans un décor chargé de fantômes et de traumas, Nicolas Cage traîne sa carcasse de camé un peu dingue, aussi fou qu’un Herzog en pleine inspiration, capable de tout pour insuffler souffle et folie à un film (de fou). Tout est proprement hallucinant dans Bad Lieutenant: la prestation de l’acteur, la mise en scène incroyable- tour à tour poussive, jusqu’au-boutiste, puisant dans le tragique matière à se fendre la poire- le scénario trimballant un désespoir cynique et ludique, les mille audaces (comme celles de s’offrir le luxe d’apartés animalières en totale décalage avec le reste) dont use le cinéaste comme autant de pieds de nez aux productions américaines du genre. Tout comme Tavernier l’avait fait avec sa Brume Electrique, Herzog contemple avec lenteur et lucidité une terre frappée par le mal, utilisant l’atmosphère post Katrina, avec ses spectres dansant, comme une parfaite illustration de la déréliction progressive des protagonistes, isolés dans leurs délires et auto sabotage. Si l’intrigue policière demeure (en plus) soignée et relativement captivante, c’est surtout la dérive du lieutenant-titre qui fascine le plus, cette manière je-m’en-foutiste de rire à la gueule de la mort, du malheur et du reste. La descente aux enfers, contrebalancée avec humour par une fin ludique, de ce ripou à l’immoralité déconcertante (drôle? odieuse?), permettant derechef à Herzog de se balader sur les chemins sinueux et complexes des êtres sous-influence, paradoxalement aussi avides de vivre dans ce monde (dégénéré, abîmé), que de s’y laisser mourir.
Dans un décor chargé de fantômes et de traumas, Nicolas Cage traîne sa carcasse de camé un peu dingue, aussi fou qu’un Herzog en pleine inspiration, capable de tout pour insuffler souffle et folie à un film (de fou). Tout est proprement hallucinant dans Bad Lieutenant: la prestation de l’acteur, la mise en scène incroyable- tour à tour poussive, jusqu’au-boutiste, puisant dans le tragique matière à se fendre la poire- le scénario trimballant un désespoir cynique et ludique, les mille audaces (comme celles de s’offrir le luxe d’apartés animalières en totale décalage avec le reste) dont use le cinéaste comme autant de pieds de nez aux productions américaines du genre. Tout comme Tavernier l’avait fait avec sa Brume Electrique, Herzog contemple avec lenteur et lucidité une terre frappée par le mal, utilisant l’atmosphère post Katrina, avec ses spectres dansant, comme une parfaite illustration de la déréliction progressive des protagonistes, isolés dans leurs délires et auto sabotage. Si l’intrigue policière demeure (en plus) soignée et relativement captivante, c’est surtout la dérive du lieutenant-titre qui fascine le plus, cette manière je-m’en-foutiste de rire à la gueule de la mort, du malheur et du reste. La descente aux enfers, contrebalancée avec humour par une fin ludique, de ce ripou à l’immoralité déconcertante (drôle? odieuse?), permettant derechef à Herzog de se balader sur les chemins sinueux et complexes des êtres sous-influence, paradoxalement aussi avides de vivre dans ce monde (dégénéré, abîmé), que de s’y laisser mourir.