Quatre mois après son lancement, la commission grandes salles, présidée par Daniel Costantini, rendra officiellement sa copie mercredi à Rama Yade, la secrétaire d’État chargée des Sports, lors d’une cérémonie. Sa mission était de réfléchir aux moyens d’accroître « l’attractivité de la France en matière de grands événements » et « la compétitivité des clubs français ».Après la commission grands stades pour l’Euro 2016, dont le véritable objectif était d’assurer le développement économique des clubs de Ligue 1, le ministère s’attaque au deuxième volet de sa stratégie de développement prioritaire des sports professionnels. La leçon a été retenue. Sur le modèle du lobbying du football professionnel, le basket-ball, le handball et le volley-ball français sont sur le point de réussir leur pari. Profitant de la fièvre bâtisseuse qui s’empare de l’Hexagone pour renouveler les grandes infrastructures sportives, ces trois sports de salle, dont 75 % des clubs pros évoluent dans des salles de moins de 3 000 places, ont persuadé l’État et les collectivités territoriales de la nécessité pour le pays de posséder de grandes salles. Cette fois, l’argument de la candidature est utilisé à l’envers : il s’agira de postuler à l’organisation d’événements internationaux, une fois la France équipée.
Dans la quinzaine de préconisations du rapport, l’exploitation multifonctionnelle des salles tient une place importante pour garantir leur rentabilité. Le seuil est fixé à 100 manifestations par an, voire 120 (80 spectacles et 40 matchs). Mais le marché de spectacles est-il suffisant ? « Pour des tourneurs, il est plus facile d’établir un calendrier à deux ans quand une salle est attirante, répond la commission. Aujourd’hui, les tournées sont à l’échelle européenne ou mondiale. » Ce rythme de 120 manifestations est en fait calqué sur celui de Bercy. Pas évident qu’il soit tenu en province. Hormis une grande salle (15 000 places) en région parisienne, dont la construction est préconisée en complément de Bercy, un ou deux clubs résidents sont conseillés en province pour assurer un calendrier de matchs réguliers. Et pour développer les clubs, la construction de loges et de sièges avec prestations est recommandée, mais aussi de boutiques et de restaurants, sur le modèle allemand ou britannique. La commission suggère également que ces projets soient reconnus d’intérêt général, ce qui autoriserait l’expropriation si besoin. À l’image du maigre fonds de soutien de 150 millions créé pour les douze grands stades de l’Euro 2016, l’État devrait débloquer une enveloppe. La commission préconise 140 millions d’euros.À titre indicatif, la construction d’une salle de 6 000 places est estimée à 50 millions d’euros, 80 millions pour 8 000 places et 100 millions pour 10 000. L’État cherchant à mettre le moins possible la main à la poche, le partenariat public-privé (PPP) est privilégié. Un label Arena (8 000 places minimum avec multifonctionnalité obligatoire) serait créé, l’État s’engageant à apporter une aide financière aux projets qui obtiendraient le label. Enfin, la commission suggère un régime fiscal incitatif pour rendre le nommage (baptême d’une salle d’après une marque commerciale) plus séduisant. Aucune préconisation n’aborde le sport amateur ou scolaire, car « une salle ne peut pas remplir tous les objectifs ». Les collectivités territoriales devront donc investir de façon importante si elles veulent éviter que les grandes salles s’apparentent à des enceintes sportivo-commerciales servant uniquement des intérêts privés. [Via]