En 1550 un négrier qui passe au large des côtes de l’Équateur, plus précisément près de la côte pacifique d’Esmeraldas au nord de la république d’Équateur, fait naufrage. Quelques africains, destinés à être vendus, s’en sortent et atteignent la côte.
Ils s’enfoncent dans les terres et ont la chance inouïe de trouver une végétation quasiment semblable à celle de leur région d’origine, une zone côtière aux environs de la baie du Biafra et de l’embouchure du Zaïre, une zone où pousse le mangrove ou palétuvier qui est justement la forme végétale la plus fréquente dans cette région d’Équateur où l’infortune de la condition d’esclave et les aléas de la fuite pour la liberté les a conduits.
Ils fondent à cet endroit le royaume de Juyungo, d’après le terme qu’utilisaient les indiens Cayapas, habitants de la région, pour désigner les noirs et la crainte qu’ils leur inspirent.
Ils appellent Juyungo les noirs, les métis très foncés et le diable, en tout cas leur représentation de ce que les espagnols chrétiens qui ont conquis la région nomment le diable.
Cette région est frontalière avec la Colombie, rapidement d’autres noirs, échappés des estancias de labor ou de ganado les rejoignent. 4000 noirs échappés du panama, d’autres de la vallée andine de la chota ou des mines de Colombie viennent encore grossir la population de ce royaume.
La vie y est calquée sur ce que ces esclaves se rappellent de l’Afrique, ainsi le sorcier à un rôle très important dans leur communauté, il en assure la défense spirituelle.
Cette petite communauté refuse d’intégrer les cultures environnantes, celle des indiens Cayapas et celle des blancs et des métis qui vivent dans la forêt.
C’est dans ce royaume qu’a été inventé la Marimba, probablement d’après la réminiscence du Balafon.
Les espagnols déclarent la guerre au royaume de Juyungo qui demeure invincible, les armes prodigués par le corsaire anglais Richard Hawkins qui voulait déstabiliser les espagnols dans la région, y sont pour quelque chose.
La résistance est menée par le chef légendaire, qui a entraîné ses compagnons sur ces terres et qui est à l’origine de la recréation de leur mode de vie antérieure, Illescas.
Après plus de 40 ans de tentatives infructueuses pour mettre à genoux ce royaume, ce sont ces chefs qui viendront d’eux-mêmes prêter allégeance à la couronne espagnole.
L’écrivain Adalberto Ortiz a écrit un roman, qui a connu un grand succès, en 1942 intitulé Juyungo un Nègre, une île et d’autres Nègres. Il n’y rend pas hommage à cette histoire et n’y fait même pas allusion, mais peut être s’est il inspiré de quelque chose de la poésie qui continue à passer à travers la Marimba.