A la première écoute, c’est d’abord la prouesse rythmique qui éblouit. Cette sorte de slow-house (aux alentours de 105-110 BPM, soit 10 à 20 de moins qu’un beat house classique) devrait avoir un effet un peu paralysant et, logiquement, réduire le potentiel festif du titre. Il n’en est rien. Les picotements dans les jambes, l’envie irrépressible de secouer la tête et de taper dans ses mains, sont bel et bien là. Jaar se permet même d’inverser le processus traditionnel : au lieu d’accélérer le tempo, il se paye le luxe de terminer sur un long passage à 70 ou 75 BPM. L’effet est incroyable : on est comme en suspension entre deux notes, comme en lévitation. Et puis il y a cette voix, pitchée très bas, qui donne un côté salement funky à toute l'affaire, et surtout une ligne de basse démente et des nappes douces et froides. On écoute ce titre comme on lit une histoire. Jaar y a introduit du suspense, de l'angoisse, et aussi beaucoup d'humour et d'audace. Bref, c'est un bijou.
En face B, la house tribale de "Mi Mujer" est plus qu'honorable, mais ses rafales de percus et ses échantillons de fanfare ne réussissent pas un instant à faire oublier la claque administrée par "Time For Us". Le très hype label Wolf + Lamb a eu mille fois raison d’accorder sa confiance à ce gamin pour sa première sortie de la décennie. Le résultat est un classique. Mais la vraie bonne nouvelle, c’est que le premier album du prodige sortira sur un label bien de chez nous, j’ai nommé Circus Company, maison parisienne dont Dodb a toujours été très friand. Livraison annoncée pour le début de l’été.
En bref : comment, à 19 ans, foutre une trempe à l’ensemble de la planète électronique ? Demandez à Nicolas Jaar, prodige new yorkais et auteur de l'un des meilleurs morceaux de ce début d’année, le bluffant "Time For Us".
Le site et le Myspace de Nicolas Jaar
Le site de Wolf + Lamb