Les députés indépendants Éric Caire (La Peltrie) et Marc Picard (Chutes-de-la-Chaudière) présentaient aujourd’hui leur manifeste « Le Québec noir sur blanc ».
La situation politique du Québec est très particulière. En effet, depuis des décennies, l’appartenance à un parti politique se décide sur la base de la vision constitutionnelle qu’il défend. L’avènement du Parti québécois a eu pour effet de concrétiser la polarisation des options constitutionnelles. Les souverainistes y trouvent le véhicule de leur option sans égard aux autres sujets qui touchent notre société. Le camp fédéraliste se trouva donc aux mains du seul Parti libéral. Ainsi, depuis quarante ans, ces deux formations politiques se partagent l’électorat québécois qui se divise tant bien que mal en fédéraliste versus souverainiste.
Étant le parti qui a présidé à la révolution tranquille, le Parti libéral a aussi des racines sociale-démocrates interventionnistes bien définies. Le Parti québécois est surtout un produit de la gauche. Même si le Parti libéral, avec les années, a été associé, dans l’opinion publique, au patronat du Québec, cette association est, de notre avis, davantage due à l’option constitutionnelle qu’il défendait qu’à sa philosophie politique. De fait, historiquement, le Parti libéral est celui à qui l’on doit la plupart des mesures sociales au Québec. Ces mesures ont, par la suite, été élargies ou poussées plus loin par le Parti québécois et le Parti libéral dans l’alternance du pouvoir.
Bien sûr, ces deux partis attirent des gens de tous les horizons politiques. Les souverainistes de gauche comme de droite se rallient naturellement au Parti québécois et ainsi en est-il des fédéralistes de gauche comme de droite avec le Parti libéral. Toutefois, à la lumière de la situation constitutionnelle dans laquelle nous nous trouvons et aussi considérant la situation socio-économique du Québec, il faut se demander si cette façon de diviser les forces politiques au Québec a toujours sa place.
Les Québécois ont, à deux reprises, choisi de demeurer membre de la fédération canadienne. Ils ne démontrent à ce jour aucun appétit pour la souveraineté proposée par le PQ. Dans ces circonstances, on comprend mieux pourquoi les péquistes n’ont aucun agenda référendaire qui serait une hypothèque importante sur leur chance de former un prochain gouvernement. La souveraineté est donc devenue un prétexte pour garder les troupes unies et militantes.
Sortir du débat constitutionnel
Le renouvellement de la fédération canadienne a été un échec et laisse le Québec en marge de sa constitution. Toutefois, s’il manifestait quelques intentions que ce soit d’une volonté d’adhérer à la constitution de 1982, les forces fédéralistes seraient crucifiées au Québec. La peur d’un autre échec constitutionnel paralyse toute initiative de relance des négociations entre Québec et Ottawa. Le statu quo semble donc la seule option envisageable pour le Parti libéral à titre de représentant du fédéralisme québécois.
Nous sommes donc en présence d’un parti souverainiste qui n’a aucun agenda référendaire et d’un parti fédéraliste qui craint le renouvellement de la fédération canadienne comme la peste. Dans ces circonstances à quoi servent les coalitions constitutionnelles? Ont-elles raison d’être encore et toujours le lieu de rassemblement des Québécois de tous horizons politiques? Ne sont-elles pas devenues un obstacle au véritable débat d’idées qui opposent la gauche et la droite comme cela se fait dans toutes les démocraties modernes dans le monde?
Pour nous les réponses à ces questions sont claires. Il est grand temps que les Québécois puissent exprimer leurs idées selon les valeurs qui les animent. C’est pourquoi aujourd’hui nous pensons que les lieux de rassemblement que sont les partis politiques devraient se définir selon les courants de pensée par lesquels ils envisagent l’avenir de la société.
Une nouvelle alliance
La question nationale est loin des préoccupations quotidiennes des Québécois qui sont plutôt inquiets des problèmes que l’on rencontre dans des champs qui sont de la compétence du gouvernement du Québec. La santé, l’éducation, les finances publiques, l’administration publique, les infrastructures, autant de domaines qui font face à des difficultés majeures et qui ne relèvent que de notre autorité. Voilà ce qui préoccupe les Québécois et qui nécessite que des décisions rapides et courageuses soient prises.
De notre côté, nous défendons des idées de centre droit. Toutefois, pour que les idées de centre droit soient mises de l’avant clairement et correctement, il nous apparaît essentiel qu’elles le soient par des gens qui partagent des valeurs de centre droit sans considération pour la question nationale. Des gens qui croient en un système de santé accessible, juste et qui réussit dans sa mission fondamentale, soigner les gens. Des gens qui croient qu’un système d’éducation doit prioriser l’élève et faire tout ce qui doit être fait pour assurer son succès. Des gens qui pensent que le devoir sacré d’une génération est de donner plus à la suivante que ce qu’elle a reçu.
Les Québécois sont tous nationalistes à différents degrés. Une nouvelle alliance politique basée sur des valeurs fondamentales et exigeant un compromis sur la question nationale nous apparaît non seulement réalisable, mais surtout porteuse d’avenir, puisqu’elle permettrait d’unir, entre autres, les gens du centre droit afin de se donner la capacité d’amener le Québec sur la voie du succès et de la prospérité.
Nous croyons qu’il est temps d’agir.
Éric Caire
Député indépendant de La Peltrie
Marc Picard
Député indépendant des Chutes-de-la-Chaudière
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Le Québec noir sur blanc: « Le temps des décisions est arrivé » -Éric Caire et Marc Picard