Sans l’euro, la monnaie de l’Allemagne vaudrait plus cher, la balance des paiement de ce pays se rééquilibrerait et les Allemands seraient encore plus riches.
A l’inverse, sans l’euro, la monnaie de la Grèce aurait du être dévaluée, et les Grecs en eussent été appauvris.
D’ors et déjà, via l’euro, les Allemands payent pour la Grèce. Et aussi pour tous les pays en déficits, France comprise.
Les Allemands souhaitent bien sûr payer le moins possible pour l’euro. Tandis que les Grecs prétendent en profiter le plus possible.
Veux-ci disent, par la bouche de leur Premier ministre : «nous ne vous demandons pas d’argent, mais seulement de garantir nos emprunts sur le marché international des capitaux afin que nous ayons accès à des prêts assortis de taux d’intérêt qui ne soient pas supérieurs à 5%»
Mais une telle garantie (ou aval) a un prix, qui est la contrepartie du risque qu’elle couvre. Si l’Allemagne, ou l’Europe, donne sa garantie aux emprunts grecs, sa signature sera moins bonne et son crédit en souffrira. Idem pour la signature de la France. Le taux des emprunts en euros auront tendance à augmenter. Cela coûtera aux épargnants allemands et européens.
Les Grecs disent : «nous avons une autre solution, celle du FMI». Et c’est vrai que le FMI, qui a un certain pouvoir de création monétaire, peut parfaitement prêter 20 ou 30 milliards d’euros à la Grèce à 3 ou 4% d’intérêt.
Mais la Grèce doit savoir que les fonctionnaires du FMI ne plaisantent pas avec les plans de redressement des finances publiques qu’ils imposent. Leur tutelle est en général autrement plus vigilante que celle des technocrates de Bruxelles…
Que le soutien financier à la Grèce soit européen ou onusien, ce pays doit d’urgence rétablir l’équilibre de ses comptes publics.
Au-delà, ce sont tous les pays de la zone euro qui doivent impérativement redevenir vertueux.
Certes, les plans de rigueur nécessaires ne peuvent plaire à tous ceux qui vivent des déficits de l’Etat providence. Aujourd’hui les assistés sont dans la rue à Athènes. Demain ce sera à Paris. S’ils obtenaient que leurs dirigeants renoncent aux incontournables mesures de redressement, la crise financière s’accentuerait encore.
Le jour où l’épargne, qu’elle soit nationale ou mondiale, ne voudra plus financer ce trou sans fin, les Etats n’auront d’autre solution que de dévaluer leurs monnaies. De laisser filer l’inflation. de rembourser avec de la monnaie de singe. Toute l’épargne investie en dettes souveraines serait spoliée. Ce serait l’heure de vérité.
Au delà de la survie de l’euro, se profile donc une autre interrogation, autrement plus angoissante : combien de temps les déficits de la sphère publique peuvent-ils encore durer ? Et, quand ils seront devenus insupportables – c’est à dire impossibles à financer – quelles seront les conséquences pratiques pour les individus ?