There will be blood (2007)

Par Caladan
Le film dépeint à travers l’histoire de deux hommes, le pétrolier Daniel Plainview (Daniel Day Lewis) et le pasteur Eli Sunday (Paul Dano), la lutte sans merci entre les deux forces dominantes de l’Amérique, l’argent et la religion.
Les premières (et très belles) images du film montrent la découverte de son premier puits de pétrole, foré à mains nues, par Daniel Plainview, seul face à une nature hostile et désertique.
L’homme se brise une jambe au fond du puits mais parvient à se hisser au dehors et à ramper jusqu’à un bureau pour enregistrer sa découverte.
Ce morceau de bravoure nous montre la force de caractère surhumaine du personnage, sa détermination sans faille à faire fortune.
Dans ces premières minutes, on pressent que la promesse du titre est inéluctable. A coup sûr,
« il y a aura du sang ». La démence furieuse du personnage est magistralement illustrée par la musique de Jonny Greenwood (le guitariste de Radiohead).
L’homme est également habile et parvient à retourner tous les coups du sort à son avantage.
Son associé se tue au fond d’un puit ? Il adopte le jeune bébé orphelin, H.W., qu’il utilisera ensuite pour apparaître comme un père de famille respectable et racheter ainsi à vil prix leurs terres à des familles compatissantes.
L’affairiste réalise son coup de maître dans une bourgade de Californie du Sud où il parvient à mettre la main sur un gisement fabuleux.
C’est sur ces terres que sa route croise celle d’Eli, jeune prédicateur baptiste qui, sous des apparences angéliques, partage la même soif de réussite.
Plainview a l’idée audacieuse de contourner le ruineux transport par chemin de fer en acheminant le précieux liquide vers la mer par un pipeline. Sa fortune est faite.
Mais c’est une victoire à la Pyrrhus : le jaillissement du premier forage provoque la chute de H.W. qui perd l’audition. C’est une déchirure pour Plainview dont la rapacité n’a d’égale que la paranoïa et qui trouvait en cet enfant le seul être humain envers lequel il pouvait entretenir des relations sincères. A l’évidence, Plainview a fini par s’attacher à ce garçon pour lequel il ressent des sentiments paternels.
Sa rage initiale en sort décuplée et se retourne contre Eli qui cherche à tirer un profit personnel du gisement pétrolier. Plainview méprisait déjà le prédicateur en qui il a reconnu l’homme cupide et manipulateur, et assimile Dieu à une obscure superstition.
Paradoxalement, il semble accabler Eli et son Dieu pour l’accident de son fils (la scène où il « baptise » Elie avec l’eau bénite du pétrole).
Le pétrolier perd ses dernières illusions avec l’irruption d’un petit escroc qui parvient pendant quelque temps à se faire passer pour son demi-frère.
Il s’égare en éloignant son fils, qu’il récupérera un peu plus tard mais le mal est fait entre l’homme et le garçon. Ces errements ajoutent une couche de tristesse sourde à une intrigue déjà bien âpre.
Pour permettre à son pipeline de voir le jour, Plainview est contraint de se convertir au culte d’Elie et de se soumettre symboliquement à son autorité.
C’est une victoire inespérée pour Eli d’autant que le nouveau « converti » lui remet enfin l’argent lui permettant de quitter son pauvre village pour exploiter ses talents de batteleur « télé-évangéliste » avant l’heure.
On a d’ailleurs du mal à blâmer les personnages pour leur volonté acharnée d’ascension sociale tant leur environnement familial et économique paraît misérable et sans issue.
Le temps et la Grande Crise de 1929 rebattent les cartes.
On retrouve un Plainview vieillissant dans un somptueuse tour d’ivoire, richissime mais plus seul et fou que jamais.
H.W. a fini par dompter son handicap et, marié, réclame son indépendance.
Le patriarche ressent cette légitime aspiration comme une trahison et congédie son fils, en lui annonçant brutalement sa bâtardise.
Le fils renie le père.
C’est ce moment que choisit Eli pour réapparaître. Ruiné, il reconnaît facilement être un faux-prophète et sollicite l’aide financière de Plainview.
De nouveau, ce dernier expie sa rage et son chagrin sur le jeune pasteur et le tue sauvagement.
Fin déroutante, implacable et vaine comme la triste histoire à laquelle on vient d’assister.
Assurément, There will be blood est brillamment réalisé par Paul Thomas Anderson qui sort de la saga altmanienne (Magnolia) pour centrer son art sur des drames plus intimistes.
Le film est servi par un duo d’acteurs éblouissant, avec notamment le jeune Paul Dano (le fils mutique de Little Miss Sunshine), redoutable dans son rôle de manipulateur illuminé.
Et toujours cette musique, peut être un peu trop présente, mais diablement sombre et envoutante.
Bande annonce :

There Will Be Blood - Bande-annonce 1 (Français)
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"There Will Be Blood" de Paul Thomas Anderson. Film américain avec Daniel Day-Lewis, Paul Dano, Ciaran Hinds (2 h 38).