I come from Jura.
Maybe one day I'll be a diva.
(Tiré du site d'Eugénie Rebetez.)
Sur scène, ça commence par une naissance à reculons, ça continue avec de l'accent jurassien dans un sketch qui évoque Zouc: «ben oui», «ben non», « salut »... Gina chante : «Je me sens la plus nulle, la plus bête…» Mais l'enfance dans le village de Mervelier mène au rêve des paillettes.
Gina veut devenir danseuse professionnelle mais son physique ne correspond pas aux critères admis. Elle aime manger, elle est rondelette. Elle cherche son identité, l'amour de soi et des autres. Le spectacle se termine devant un miroir entouré de lumières, un miroir vide où ne se reflète rien.
Le naturel, la sensualité, l'humour d'Eugénie Rebetez se conjuguent avec une technique maîtrisée et une présence étonnante. Elle parle un peu, joue de la trompette, chante, danse merveilleusement bien et fait ce qu'elle veut avec son corps.
Gracieuse ou grotesque, sensuelle ou balourde, superbe ou difforme à volonté, elle peut aussi à la manière des Mummenschanz se transformer en monstre ou en créature fabuleuse. Les sketchs sont surtout visuels, et ce qui doit être dit l'est dans des chansons irrésistibles en trois langues.
J'ai adoré et je n'étais pas le seul, samedi, à la Salle des Eaux-Vives, dans les locaux de l'ADC (Association pour la danse contemporaine). Allez, des adjectifs: émouvant, drôle, sincère, sensible, souvent bouleversant!
Je voudrais bien avoir quelques réticences pour donner un peu de poivre à ce commentaire, mais non: ce premier spectacle d'Eugénie Rebetez m'a paru une réussite parfaite.
Vous avez encore une chance de le voir ce soir, dimanche 21, à 18h, 82-84 Salle des Eaux-Vives (022 320 06 06).